ART | CRITIQUE

Space Oddity

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@12 Jan 2008

Huit œuvres, huit artistes: l’exposition «Space Oddity» propose une déambulation entre des objets sculpturaux non identifiés qui imposent leur étrangeté dans l’espace. 

L’exposition débute avec Four Foot Red Cube Inserted in the Middle of a Garden Bench, un cube rouge massif flanqué de part et d’autre d’un banc dont les pieds ne touchent pas le sol. L’artiste italien Piero Golia confère ainsi à l’objet une dimension esthétique au détriment de sa fonctionnalité.
Dans le même esprit, In My Dream There Were Three Different Doors, de l’artiste anglais James Hopkins, se compose de trois portes imbriquées les unes dans les autres, sur le modèle d’un casse-tête japonais du Xe siècle. Trois portes, et autant d’accès impraticables, qui forment une sculpture-objet conceptuelle.

L’imbrication est de nouveau présente dans Tandem, de Jan Klimes. L’artiste tchèque présente ici une version inédite de ce vélo pour deux : en fusionnant véritablement deux bicyclettes, il crée un véhicule mutant condamné à l’immobilité.
Tout comme cet improbable navire viking de Wilfrid Almendra (Goodbye Sunny Dream), bloc d’aluminium fuselé, surmonté d’une crête en fer forgé évoquant des voiles et décoré de sphères de céramique colorées. Posé sur un socle en bois, le vaisseau fend l’espace et, tout en demeurant prostré, appelle à des voyages imaginaires.

Avec Main courante, une rampe d’escalier fixée au mur, Sébastien Vonier dessine les contours d’un escalier fantôme et, avec, un espace et une circulation que le visiteur est invité à restituer.
Entre tableau et sculpture, Novocaine for the Soul, œuvre de l’artiste d’origine turque Haluk Akakçe propose quant à elle un motif en creux, qui fait ressortir le vide — blanc — de la matière — noire — dans lequel il vient s’inscrire.
Justicia, de l’italien Marco Boggio Sella, est un panneau mural jonché de pointes menaçantes qu’il est dans un premier temps difficile de distinguer malgré leur proéminence, du fait d’un revêtement monochrome vert métallisé qui reflète la lumière.
Enfin, dans une seconde salle, Marc Bijl présente Symbolic 4 (Bluetooth): trois symboles bluetooth géants carbonisés sont disposés dans la pièce, aux côtés d’une vidéo qui témoigne de leur embrasement. L’artiste néerlandais poursuit ainsi son approche des symboles et codes du pouvoir dans une action qui évoque, pour mieux les condamner, les croix enflammées par le Ku Klux Klan.

Ni sculptures ni objets, ces œuvres, aux accents minimalistes et conceptuels, s’imposent dans un espace réel dont elles nous incitent à s’extirper, ouvrant les voies du rêve, de l’imaginaire et de la pensée.

Wilfrid Almendra
— Goodbye Sunny Dreams, 2006. Bois aluminium fer forgé céramique peinture. 178 cm x 400 cm x 164 cm. Pièce unique.

Piero Golia
— Four Foot Red Cube Inserted in the Middle of a Garden Bench, 2005. Fibre de verre, bois métal, peinture. 121,9 x 275 x 121,9 cm. Pièce unique.

Marco Boggio Sella
— Untitled (Guistizia), 2006. Bois, métal, peinture métalique sur bois. 230 x 304 x 30 cm.

James Hopkins
— In My Dreams There Were Three Different Doors, 2006. Trois portes en bois, peinture. 175 x 210 x 210 cm.

Marc Bijl
— Symbolic IV (Bluetooth), 2006. Bois, dvd. Dimensions variables.

Haluk Akakçe
— Novocaine For The Soul, 2007. Sculpture murale. Matériaux divers. Dimensions diverses.

Jan Klimes
— Tandem, 2007. Deux bicyclettes. Dimensions diverses.

Sébastien Vonier
— Main courante, 2007. Sculpture. Matériaux divers. Dimensions diverses.

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