ART | EXPO

Sound Houses

14 Sep - 01 Déc 2013
Vernissage le 05 Oct 2013

«Sound-Houses 1» entend présenter, à travers le travail de deux pionniers de la musique expérimentale: Alvin Lucier et Tom Johnson, le nouvel axe d’exploration du Frac Franche Comté autour du son et des différentes pratiques artistiques qui en découlent.

Tom Johnson, Alvin Lucier
Sound Houses

Depuis 2011, le Frac Franche-Comté développe Sound-Houses, un nouvel axe qui embrasse tous les domaines d’activité: acquisitions d’œuvres, archives audiovisuelles et ouvrages, conférences, expositions thématiques ou évènements ponctuels, le Frac se propose d’explorer les diverses facettes du médium sonore en lien avec la pratique artistique au sens large: installations sonores, musique expérimentale, poésie sonore, inspirations réciproques entre musique et arts plastiques…

Les compositeurs Alvin Lucier et Tom Johnson, dont l’œuvre s’étend également à la performance ou à l’installation sonore, font partie d’un courant connu sous le nom de minimalisme — Tom Johnson étant l’un des premiers critiques musicaux à employer le terme, pour décrire, justement, la musique d’Alvin Lucier.

Le terme de «minimalisme» décrit en fait une attitude plus qu’un style, tant les diverses formes qu’il prend peuvent être différentes — il y est question d’économie de moyens; la complexité n’y est pas recherchée comme un faire-valoir et si on la retrouve dans cette musique comme dans toute autre, c’est à travers la simplicité qu’elle vient transparaître.

Tom Johnson et Alvin Lucier ont tous deux suivi des études au Conservatoire: Johnson y suit des cours de piano, Lucier de percussion et de composition. Mais tous deux découvriront une brèche dans l’approche académique de la composition et s’y engouffreront: Alvin Lucier trouve une ouverture lorsqu’il rencontre la musique de David Tudor et le Pœm for Tables, Chairs and Benches, etc. de La Monte Young; quant à Johnson, il va étudier secrètement la composition avec Morton Feldman et rencontrer John Cage, deux «pères spirituels» qui lui transmettront le désir de laisser l’œuvre se faire et «la musique aller là où elle veut» (Feldman), et la volonté de rechercher une beauté naturelle plutôt que poétique; un fondement théorique qui est également extrêmement fort chez Lucier.

Cette approche prend une forme différente chez les deux compositeurs: Tom Johnson va suivre l’idée de Galilée selon laquelle «la nature est un livre qu’on peut lire, écrit en langage mathématique» et s’intéresser à des suites de nombres entiers, à des manières de compter et d’organiser les nombres; quant à Lucier, il se passionne pour toutes sortes de phénomènes sonores secrets, présents dans la nature: le son qu’on entend en plaquant un coquillage sur son oreille, les techniques d’écho-location des chauves-souris ou encore les ondes produites par le cerveau dans certains états de conscience: deux directions qui vont s’incarner dans des pratiques musicales radicalement différentes.

Si Alvin Lucier et Tom Johnson rejettent a priori la mise en forme poétique de leurs matériaux de travail, la poésie n’en imprègne pas moins leurs œuvres. Mais elle ne vient pas de la subjectivité de l’artiste: c’est à travers l’abstraction et les phénomènes concrets de la nature qu’elle filtre, l’artiste agissant surtout comme un révélateur de ces aspects cachés.
Leurs pièces, Clarinet Trio et Empty Vessels, sont accompagnées dans cette exposition d’un espace documentaire présentant l’art sonore et la musique expérimentale au sens large à travers des ouvrages qui leur sont consacrés, ainsi que des documents faisant le lien avec la pratique de Francis Baudevin, artiste exposé au même moment au Frac s’intéressant également aux pratiques musicales et sonores dans leurs liens avec les arts plastiques. Une sélection de CD d’Alvin Lucier et Tom Johnson sera également proposée en libre écoute.

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