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Sorcières: pourchassées, assumées, puissantes, queer

La figure de la sorcière, qu’elle soit abordée dans un contexte historique ou contemporain, est envisagée ici comme une métaphore. A travers récit historiques, littérature de fiction, propositions théoriques et considérations artistiques, cet ouvrage pluridisciplinaire propose d’explorer les notions de genres, de mythe et d’altérité.

Information

Présentation
Anna Colin
Sorcières: pourchassées, assumées, puissantes, queer

Il existe au moins trois types de sorcières: celles qui pratiquent la sorcellerie, celles qui sont qualifiées de sorcières (par le judiciaire, les institutions religieuses ou l’opinion publique) et celles qui s’autoproclament sorcières sans pour autant pratiquer la sorcellerie. Ces deux dernières catégories, qui résultent d’une construction sociale et envisagent cette figure comme métaphore, forment l’objet de ce livre.

Sorcières: pourchassées, assumées, puissantes, queer mêle récits historiques, littérature de fiction, expériences militantes, propositions théoriques et considérations artistiques pour constituer un ouvrage pluridisciplinaire sur le genre, le mythe et l’altérité. Quarante ans après l’émergence de la sorcière comme symbole radical dans l’imaginaire militant et à l’heure où de supposées sorcières continuent d’être persécutées dans certaines parties du monde.

«Si la nature de déviante de la sorcière est appréhendée par Maya Deren d’un point de vue sociologique, ses définitions sont transposables à un contexte politique. Ainsi, cet autre ordre qui fonctionne «sans compromis», de manière «indépendante» et «qui tire sa force vitale de quelque chose d’inconnu ou de surnaturel», peut être autrement lu comme un ordre autarcique, non aligné au système dominant et perçu comme dangereux car alternatif. Dans l’entretien publié ci-après, l’historienne Silvia Federici nous rappelle que celles qui étaient accusées de sorcellerie n’étaient pas de praticiennes de cultes païens, mais des paysannes résistant au développement de pratiques capitalistes oppressantes et appauvrissantes.

Dès lors, nous apprend-elle, la chasse aux sorcières a servi d’outil régulateur pour le maintien d’un système politico-économique hégémonique, le corps de la femme devenant le «site privilégié pour le déploiement de techniques et de relations de pouvoir». Dans son évocation des chasses qui sévissent aujourd’hui notamment sur le continent africain, Silvia Federici explique encore que l’attachement des générations âgées et des femmes à leurs terres plutôt qu’à des ressources non nourricières (comme un véhicule agricole ou un emprunt bancaire) s’inscrit dans un rapport de force avec les valeurs prônées par la mondialisation et adoptées par les plus jeunes générations, et, en ce sens, peut constituer un facteur d’accusation de sorcellerie».
Anna Colin

Avec la collaboration de: Anna Colin, Redfern Barrett, AA Bronson, Angus Cameron, Silvia Federici, Richard John Jones, Latifa Laâbassi, Olivier Marboeuf, LW, Vincent Simon, Marina Warner

Sommaire
— Introduction, par Anna Colin
— Accumulation primitive et chasses au sorcières: histoires et actualité. Interview de Silvia Federici par Anna Colin
— L’émeutier et la sorcière, par Olivier Marboeuf
— Mères monstrueuses, par Marina Warner
— Le fou et la sorcière, par Angus Cameron
— Ecran somnambule. Interview de Latifa Laâbissi par Anna Colin
— Esprit queer: libération, culte de la déesse mère et sorcellerie. LW en conversation avec Redfern Barrett
— Sœurs, par Richard John Jones
— Une communauté des vivants et des morts. AA Bronson en conversation avec Vincent Simon
— Biographies
— Version anglaise