PHOTO | CRITIQUE

Solo show РOeuvres r̩centes

PStéphanie Courty
@11 Oct 2009

Ses couleurs évoquent Lachapelle, sa maitrise de la texture Velasquez, son cynisme probablement Desproges. Entre photographie et peinture, Erwin Olaf parvient à faire douter le visiteur de sa propre perception et déstabilise l’œil le plus avisé.

Une Apolline stupéfiante de vérité accueille le visiteur. La robe est la même que celle du tableau original de Zubaran, le clair obscur est digne maître… Aucun détail ne trahit la photo, à part les fils d’un Ipod volontairement oublié sur le cou du modèle.
Les reprises des iconographies du Caravage ou de Velasquez sont elles aussi incroyablement fidèles. Les vanités empruntées aux classiques flamands sont déroutantes, il faut toucher pour se rendre compte que la peinture est bien absente… Les Menines de la cour d’Espagne seraient-elles donc encore vivantes? Seuls les petits anachronismes replacent les œuvres dans leur époque…

On a souvent associé Erwin Olaf à son passé publicitaire et il est certain que les exigences de Diesel, Nintendo et autre BMW ont compté dans son approche esthétique. Toutefois la série «Mature», qui mettait en scène des mamies sexys dans des poses de pin’up décomplexées, présente une dimension ludique qu’on ne retrouve pas forcément dans les travaux plus récents. Désormais ses thèmes sont moins provocateurs, plus profonds mais ne manquent pas pour autant d’un certain cynisme.

La série «Séparation» le prouve. Si les décors et les images sont toujours très léchés, des êtres recouverts de vinyle noir tentent vainement de se rapprocher, restant dans des postures où toute communication est impossible.
La solitude a toujours été présente dans l’œuvre d’ Erwin Olaf. Déjà, la série «American couple» commandée par le New York Time proposait une vision idéaliste de couples homosexuels figés et esseulés dans des décors parfaits, semblant évoluer dans des mondes autarciques coupés de toute réalité tangible.

Les dernières créations «Royal Blood» sont consacrées à ce que Florian Zeller appellerait «la fascination du pire». Diana, Sissi, Jules César ou la Tsarine Alexandra sont présentés comme de véritables martyrs. Vêtements immaculés, visages poudrés : la composition est dominée par le blanc mais la pureté est salie par des gouttelettes de sang. Les poses sont troublantes, inspirées de l’iconographie catholique. Plaisir malsain, voyeurisme contemporain, la fascination pour une nouvelle forme d’aristocratie moribonde est illustrée à merveille.

Erwin Olaf
— Laboral Escena, Gijon, Spain, Apolonia, Zubaran, 2009. Photographie.
— Laboral Escena, Gijon, Spain, Cena In Emmaus, Carravaggio, 2009. Photographie.
— Série «Mature». Photographies.
— Série «Séparation». Photographies.
— Série «Royal Blood». Photographies.

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