ART | EXPO

Solo show

24 Fév - 21 Mar 2009
Vernissage le 26 Fév 2009

Oscillant entre relecture de la peinture classique et transpositions de mythes fondateurs, les photographies d’Ansgar jouent avec l’Histoire de l’art empruntant ses codes iconographiques au baroque, au kitsch, au gothique ou au pop, ou encore au cinéma expressionniste.

Communiqué de presse
Ansgar
Solo show

Couleurs saturées et contrastes subtils, mises en scène sophistiquées, modèles à la beauté idéale : a priori, les photographies d’Ansgar, artiste allemand vivant aujourd’hui à Düsseldorf, relèvent du très beau cliché de mode. Pourtant, il ne faut pas s’attarder bien longtemps devant elles pour se laisser saisir par le doute. Il se pourrait bien que sous les apparences lisses et pop, cette beauté factice soit un piège, celui de la séduction du premier regard, qui, si nous y consentons, nous entraînera bien au-delà des conventions attendues.

Oscillant entre relecture de la peinture classique, de Rubens à David en passant par Delacroix, et transpositions de mythes fondateurs, les photographies d’Ansgar agissent dans une sorte de transversalité, opérant d’emblée une transubstantialisation de l’image, quand la photographie devient tableau parabolique.

Son travail joue avec l’Histoire de l’art empruntant ses codes iconographies au baroque, au kitsch, au gothique ou au pop, ou encore à l’ambiance du cinéma expressionniste, comme dans sa série « Angel-Demon ». Dans une ambiance de bal des vampires, Ansgar modèle ombres et lumières, renverse les valeurs, sur le thème romantique de la beauté du diable.

Dans la série « Xmas », l’artiste mêle clins d’oeil et références dans une mise en scène foisonnante. Dans « Crusade », par exemple, crâne et billets de banque rappelle le thème classique de la vanité, les armes, celui du pouvoir. Chez « Salome », les éléments de la nature morte au pied du modèle sont reconstitués « plus vrais que nature » !

Le caractère transgressif de cette série, censée évoquer l’avènement du Christ, fait se côtoyer imagerie religieuse et fantasme à connotation sexuelle, et, provoquant le trouble, questionne le sentiment mystique, suggère des liens entre beauté sacrée et beauté profane, que toute religiosité réprouve.

Ansgar définit souvent son travail comme une longue quête de beauté. Ce faisant, il en appelle tout aussi souvent à des épisodes bibliques, allant jusqu’à se mettre en scène en Christ, ou en Jean-Baptiste décapité. Etrange coïncidence : Ansgar (de son véritable prénom, étymologiquement « lance de Dieu » !), est le nom d’un saint qui, aux environs du VIIIe siècle, fut missionnaire du christianisme dans les pays du Nord. Mais bien loin de quelque évangélisme, le photographe, à l’instar de Nietzsche, considère la religion comme une réaction immature, et la beauté hic et nunc une manière d’affirmer la puissance de l’être humain.

Revisiter ainsi les mythes religieux peut être appréhendée comme une manière de se réapproprier la beauté de l’histoire, une manière de libération du religieux. Cette réappropriation de la beauté par la désacralisation n’exclut pas la spiritualité, car pour Ansgar, fidèle à une certaine tradition philosophique, le beau et le bon et le vrai sont liés, de la même manière que les choses n’existent que par contraste, ou par polarité.

« Lorsque je relâche le déclencheur de mon appareil photo », explique-t-il, « j’ai parfois l’impression que j’ai attrapé un petit aperçu de la véritable beauté. Souvent, cela implique des éléments qui sont à première vue « laids » ou pas beaux. Car la beauté ne saurait exister sans son contraire. Quand ces deux aspects de la vie se rassemblent (comme bon / mauvais, lumière / obscurité, jour / nuit, vie / mort, etc.) quelque chose de beau peut sortir de l’intégralité de cette polarité ».

Si la plupart des photos d’Ansgar soulèvent un puissant sentiment d’étrangeté, ce n’est pas seulement, comme dans la série « Xmas », dans laquelle sont projetées des images en arrière plan du modèle, par les effets induits techniquement, c’est surtout par cette irruption de l’irréalité dans le réel, sa charge fantasmatique ou onirique, ces collisions entre l’image, la forme et le contenu.

Dans la série « Révolution », cela entraîne de saisissants contrastes, des fractures insolites entre le sujet – un portement de croix, une Marie-Madeleine – et le lieu de la scène, Times Square, épicentre du spectacle de la consommation (Entertainment and shopping). En revisitant ainsi dans le contraste cette double mythologie, Ansgar les décontextualise et mutuellement, faisant appel à un système d’images contemporaines ancré dans une esthétique des apparences et reconsidérant dans le même temps nos systèmes de valeurs. Est-ce à dire qu’aujourd’hui, Jésus, ou le Che, serait une femme ?

Ou qu’aujourd’hui, le pop passé par là a fait du Che une image à la mode, et de la croix christique un « accessoire » de mode ? Télescopages visuels, mais aussi télescopages des valeurs et des préoccupations, à l’image de cette Jeanne d’arc, de ce Zorro, super-héros d’un genre (dé)passé, un peu perdus sur Broadway, de ce « Buddha » en position sous l’enseigne d’un Mac Donald’s. Aujourd’hui, l’attitude « révolutionnaire » est une posture à la mode, l’idée de révolution, un fantasme, auquel on pense, disait la philosophe Simone Weil, comme à « un miracle dispensant de résoudre les problèmes » ».

Ansgar, lui, ne croit pas en le miracle révolutionnaire de l’art, mais, dit-il, « c’est déjà une grande réussite si l’art provoque une réflexion, une discussion, ou tout simplement si cela peut amener les gens à se poser des questions, sur notre système de valeur, et sur l’art aussi. »

Vernissage
Jeudi 26 février 2009. 18h-21h.

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