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Solaire

Dans sa nouvelle création, Fabrice Lambert envisage la conception lumière selon une démarche sensitive, avec inspiration et brio. Le dispositif scénique se veut organique et vivant, la lumière devenant un élément avec lequel dialogue les corps, dans une relation double et complexe. Réalisé avec la participation de Philippe Gladieux, éclairagiste et vidéaste, cette collaboration a permis de placer sur la même échelle de valeur, lumière et mouvement. Ayant conçu une installation capable d’épouser les plus infimes oscillations du corps, Philippe Gladieux, nous propose d’envisager «la lumière comme la prolongation du geste, et l’ombre son négatif». Cette exigence engendre une manipulation en direct des éléments lumineux, qui agissent et réagissent, pétrissant le corps comme sculpture et la scène comme espace intérieur et extérieur, flexible et concret.

L’importance primordiale de l’intensité lumineuse n’a jamais été ignorée par les champs de la photographie et du cinéma, tant l’existence même des supports leur est entièrement soumise, et la création de l’image, dans sa composition, sa texture, sa sensibilité, redevable. Le spectacle vivant ne dépend pas des mêmes conditions d’existence. Il semblerait cependant que la danse contemporaine réserve de plus en plus une place de choix à la lumière, pensée dans sa dimension physique et tangible, comme particules d’énergie. Elle devient alors un principe d’organisation des flux et des états. L’écriture chorégraphique se nourrit dans l’intention de cette énergie lumineuse. Dans l’interaction, la lumière devient élan, elle soutient la pensée chorégraphique et en suit les contours. De cette relation nouée à double sens naît une complicité immédiatement perceptible.

L’écriture de Fabrice Lambert, qui s’inspire de la mémoire des corps, sur le plan physiologique et universel, mêlant l’intime et le biologique, questionne le patrimoine cellulaire inscrit en chacun de nous. Sa danse privilégie l’effleurement, le flottement, la résonance ; mais elle se déploie également dans un rapport affirmé au sol, privilégiant contact et vibration. Dans sa structure, la pièce oscille entre création collective et échappée en solo, offrant une texture et une matière dont on notera l’extrême finesse et la grande maîtrise. Une sorte de crissement des corps permanent dont nous percevons la mélodie interne, comme une sonorité secrète qui guiderait le mouvement dans une écoute sincère de nos connaissances instinctives.

— Conception chorégraphique: Fabrice Lambert
— Assistante chorégraphique: Hanna Hedman
— Danseurs:  Madeleine Fournier, Clémence Galliard, Fabrice Lambert, Ivan Mathis, Stephen Thompson
— Son: Frédéric Laügt
— Lumière: Philippe Gladieux
— Costumes: Alexandra Bertaut