ART | RENCONTRE

Soirée autour de Lewis Baltz

26 Juin - 26 Juin 2014
Vernissage le 26 Juin 2014

A l’occasion de l’exposition «Common Objects», le Bal invite cinq personnalités, artistes, historiens, écrivains à interroger l’œuvre de Lewis Baltz. Dominique Païni, co-commisaire de l’exposition, présentera les différentes interventions évoquant le contexte de production de cette œuvre dans les années 1970-1980 ainsi que son influence aujourd’hui.

Didier Semin, Eric de Chassey, Larisa Dryansky, Raphaël Zarka, Bertrand Schefer
Soirée autour de Lewis Baltz

Le Bal invite cinq personnalités, artistes, historiens, écrivains à interroger l’œuvre de Lewis Baltz dans le contexte des années 1970-1980 et son influence aujourd’hui.

Introduction par Dominique Païni, co-commisaire de l’exposition. Dominique Païni est l’auteur de nombreux ouvrages qui portent sur le cinéma et ses modalités d’exposition. Il a été directeur de La Cinémathèque française de 1991 à 2000.

Avec les interventions de:
— Eric de Chassey: Lewis Baltz et la scène américaine
L’œuvre de Lewis Baltz au tournant des années 1960/1970 entretient des liens très forts, conceptuels aussi bien que formels, avec celle d’autres artistes américains, contemporains ou historiques, photographes, sculpteurs ou peintres. En mettant en avant la platitude de ses images, non sans contradictions et paradoxes, il s’inscrit dans une tradition nationale, qu’il relève et qu’il redéfinit, dont l’exploration permet de mieux comprendre sa singularité.
Historien de l’art, Éric de Chassey est directeur de la Villa Médicis à Rome. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages portant sur l’abstraction picturale. En 2006, il a publié Platitudes, Une histoire de la photographie plate chez Gallimard.

— Larisa Dryansky: Antonioni, Godard et le courant New Topographics
«Baptisé du nom d’une exposition qui s’est tenue aux Etats-Unis en 1975, le mouvement New Topographics a joué un rôle crucial dans la transformation de la représentation photographique du paysage et, plus largement, dans l’épanouissement de la photographie contemporaine. Jusqu’à présent les histoires de ce courant ont privilégié son ancrage dans l’histoire artistique et culturelle américaine. De manière différente, cette communication vise à mettre en lumière l’importance de modèles européens en rappelant l’impact des films de Michelangelo Antonioni et Jean-Luc Godard. L’influence avérée de ces cinéastes sur certains photographes de New Topographics, dont Lewis Baltz, tient à la fois au regard qu’ils ont porté sur le paysage de la modernité et à leur façon d’envisager l’image.»
Larisa Dryansky est maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’université Paris-Sorbonne. Elle est l’auteur de deux articles sur les photographes de New Topographics et le cinéma: «Le paysage c’est comme un visage». Jean-Luc Godard et le courant New Topographics, (SIC), décembre 2012, et Images of Thought: The Films of Antonioni and Godard and the New Topographics Movement in John Rohrbach et Gregory Foster-Rice (dir.), Reframing New Topographics, 2011.

— Raphaël Zarka: Regarder le sol
«J’ai découvert le nom de Lewis Baltz il y a 15 ans environ, dans une revue qui reproduisait sa série San Quentin Point (1985). Ces images, je ne les ai jamais oubliées, et pourtant, je n’ai jamais cherché à en voir davantage. Comment me l’expliquer? Rétrospectivement, je dirai que les aspects les plus prégnants de San Quentin Point, le contre plongé, le vide, la matérialité des sols, leur caractère haptique, préfiguraient l’intérêt que je porte aux photographies des «sculpteurs» qui auront le plus marqué mon propre travail, de Robert Smithson à Gabriel Orozco en passant par Michel François et Richard Wentworth.»
Raphaël Zarka est un artiste français. Par l’inventaire, la réplique, les occurrences historiques, il appréhende notamment l’espace public et les contours du monument, les instruments de mesure du mouvement. Son travail a été récemment exposé au palais de Tokyo, au centre Pompidou et à la Tate Modern.

— Bertrand Schefer: Running on empty
«Dans ce vide parcouru, détaillé, fixé, épuisé, qu’advient-il de la figure humaine? Ce que la frontalité aiguë et les images fragments de Lewis Baltz semblaient avoir relégué à tout jamais hors-champ, comme le point d’annulation même sur quoi repose son œuvre minimale et abstraite, est pourtant l’objet d’un scénario complexe qui n’a cessé de négocier la présence et l’absence des hommes dans ses images. L’œuvre qui s’est ouverte sur le geste inaugural de la disparition, sous la forme d’une véritable mise en scène cinématographique (Laguna beach, 1969), y revient de loin en loin, cultivant les présences furtives, les apparitions, les images manquantes. Longtemps tenue à l’écart, la figure humaine finit par percer la muraille des blocs-images désertés et réapparaître au milieu de ruines nouvelles.»
Bertrand Schefer, philosophe de formation, a consacré ses premiers travaux à la redécouverte de textes fondateurs de la Renaissance italienne sur la théorie des arts visuels. Ecrivain et réalisateur, il a notamment coréalisé avec Valérie Mréjen le film En ville (2011) et publié Cérémonie aux éditions P.O.L (2012).

— Didier Semin: «De ces paysages, on serait tenté de dire que personne ne leur a passé la main dans les cheveux» (T.W. Adorno, Minima Moralia, 1951)
«Les cadrages de Lewis Baltz sur l’architecture vernaculaire des État-Unis dans les années 1970 ne se laissent pas si aisément interpréter: n’y aurait-il pas, dans cette façon que l’artiste a souvent de dégager dans telle façade ingrate la structure d’un Mondrian caché, un avatar de la pire photographie d’art, celle qui avance sous le masque de l’objectivité? (Après tout, il serait vraisemblable qu’un pictorialisme moderne imite plus volontiers l’abstraction constructive que les flous impressionnistes …). Les propos de Lewis Baltz on le sait contredisent cette lecture: mais c’est dans les images que figure le démenti le plus net — leur beauté est indiscutable, mais elle est faite du plomb de la mélancolie. On songe devant elles à une formule d’Adorno dans ses Minima Moralia, à propos des paysages américains: «[…] on serait tenté de dire que personne ne leur a passé la main dans les cheveux. Ils sont inconsolés et désolants».»
Professeur d’histoire de l’art à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts à Paris, Didier Semin a été conservateur au musée d’Art moderne de la Ville de Paris et, de 1991 à 1998, au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou.

Informations
Jeudi 26 juin 2014 de 18h à 22h
Renseignements et réservations: contact@le-bal.fr
Entrée à l’exposition et à la soirée: 4 euros
www.le-bal.fr

AUTRES EVENEMENTS ART