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Société Générale, Hafida Guenfoud-Duval

La directrice du Mécénat artistique de la Société Générale nous explique l’histoire de la collection de cette entreprise. En quinze ans d’existence, ce sont plus de trois cent œuvres qui ont été acquises par la banque. Exposées à tous les étages du siège, cette politique s’inscrit dans le long terme et se délocalise en province. Quatre artistes de la collection seront visibles cet automne à la Fiac.

Pierre Douaire. Depuis quand existe la collection d’art contemporain de la Société Générale?
Hafida Guenfoud-Duval. La collection de la Société Générale existe depuis 1995. Elle coïncide avec le déménagement du siège à la Défense. C’est une initiative que l’on doit à Marc Viénot, le président de l’époque. La banque était le premier mécène dans la musique classique, elle voulait trouver un territoire proche et complémentaire à cet art vivant. Le but était d’ouvrir une porte sur l’innovation et prendre le pouls du monde actuel. Il fallait donner l’image d’une entreprise ouverte à tous et ancrée dans son époque.

Quel a été le premier achat?
Hafida Guenfoud-Duval. Le premier achat a été un tableau de Pierre Soulages, daté de 1958.

Quelle est la thématique de cette collection?
Hafida Guenfoud-Duval. La force de cette collection est d’échapper aux classifications. Elle ne se positionne pas sur un médium en particulier. Elle s’intéresse à tous les arts et à toutes les écoles. La vidéo, par contre, est peu visible à cause des difficultés que nous rencontrons à l’exposer sur les murs du siège. Matériellement, nous ne sommes pas en mesure de la montrer correctement: nous sommes dans un immeuble de grande hauteur et, de ce fait, nous avons des règles de sécurité strictes. Ces difficultés sont en train de se régler.

A qui est destinée la collection?
Hafida Guenfoud-Duval. La collection est initialement et essentiellement dédiée aux collaborateurs de la Société Générale. On la croise à tous les étages et dans les différents bâtiments de la Défense. Il faut qu’elle soit visible au plus grand nombre. La meilleure façon de la valoriser reste de l’exposer en permanence aux yeux de tous.

Est-elle associée à des actions culturelles?
Hafida Guenfoud-Duval. Autour de la collection, nous organisons des projets à visée pédagogique. Elle nous sert à initier les collaborateurs à l’art d’aujourd’hui. C’est à l’intérieur de rencontres mensuelles que nous traitons de sujets d’actualité à travers le prisme de l’art. Grâce à une conférencière et à la diversité des œuvres, nous arrivons à intéresser un large public en interne.

Qui décide de l’achat des œuvres?
Hafida Guenfoud-Duval. Huit personnes constituent des dossiers d’acquisition soumis à l’approbation de la direction générale. Ce sont des experts et des collaborateurs. Ils forment des binômes. Ils proposent deux fois dans l’année soixante-dix œuvres. En moyenne, le trio — constitué du président, du président général et du directeur de la communication — retient entre vingt et quarante pièces. Le budget, malgré la crise, est constant. Il représente une enveloppe de 300 000 euros.

A qui achetez-vous?
Hafida Guenfoud-Duval. Nous entretenons de bonnes relations avec les galeries. Nous leur adressons nos options d’achat. Nous les informons immédiatement du résultat du vote pour les libérer de toute obligation. Nous avons également des contacts directs avec les artistes.

Votre collection sort-elle de ses murs?
Hafida Guenfoud-Duval. L’espace de la Défense reste notre principal lieu d’exposition. Les différents bâtiments, avec leurs trente-six étages offrent un vaste panorama. Notre visibilité est largement tournée à l’interne. Des visites privées sont organisées avec les amis du Palais de Tokyo ou les jeunes bénéficiaires d’associations soutenues par la Fondation Société Générale. Cela permet de créer une vraie proximité avec les œuvres. L’absence de gardien favorise grandement cette approche. C’est unique comme condition d’accrochage.
Par contre, deux fois dans l’année, nous signons des partenariats avec des musées en région pour montrer la collection.

Pourquoi être partenaire de la Fiac?
Hafida Guenfoud-Duval. Pour le quinzième anniversaire de la collection, nous avons décidé d’être partenaire de la Fiac et de montrer quatre artistes de la collection. Le quatuor de l’édition 2011 n’est pas encore constitué. A la Défense, nous organisons un accrochage spécifique pour l’occasion. C’est pour nous un moment très fort, que nous aimons partager avec le plus de monde possible. C’est pour cette raison que nous faisons partie du parcours off de la Fiac. La collection de la Défense s’ouvre ainsi à un autre public.

Comment arriver à faire vivre une collection?
Hafida Guenfoud-Duval. Il faut que la collection soit en harmonie avec l’entreprise qui l’accueille. Elle doit refléter la diversité territoriale de la banque. Elle est implantée dans le monde entier et les pays émergents. Les œuvres d’art permettent de regarder tous ces pays d’une autre manière.
La collection doit également être capable de raconter une histoire. Sa force est d’être plurielle, elle a donc ce pouvoir de dire plein de choses. A chaque fois qu’un commissaire d’exposition est invité à intervenir, un thème nouveau est abordé. C’est toujours passionnant à vivre et à voir.

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