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Six Order Pieces

PCéline Piettre
@19 Mai 2011

En tête d’affiche de la deuxième semaine des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, la nouvelle création de Thomas Lebrun, Six Order Pieces, déçoit nos attentes après les avoir attisées, par la promesse de « mettre son corps à la disposition de la lumière, de la vidéo, de la musique »...

En théorie, Six Order Pieces de Thomas Lebrun, qui se joue comme une suite continue de six soli de dix minutes chacun, est doublement politique. En confiant l’écriture chorégraphique à ceux qui se mettent d’ordinaire « au service » de la danse — en tout cas selon une conception traditionnelle du spectacle —, créateurs lumière, vidéastes et compositeurs, le chorégraphe s’émancipe (sur le papier) de la hiérarchie scénique classique. Il bouscule par extension une certaine idéologie de l’ordre, non pas simple agencement mais organisation vouée à la stabilité, au contrôle. Ainsi, comme alternative à un « que l’ordre règne ! », il redonnerait son mouvement initial à la danse…

Rien de tel pourtant dans les faits. Sur scène, la note d’intention, si alléchante soit-elle, s’évanouit dans une dramaturgie du solo des plus conventionnelles. Thomas Lebrun interprète une partition certes collective, écrite pour l’essentiel par des non chorégraphes, mais sans réussir à incarner leur présence, seulement une identité quelque peu artificielle, déclinée entre abstraction et séquences plus narratives. Au centre subsiste incontestablement le soliste, le danseur, le corps supérieur, le corps souverain. Ni la lumière, qui lui grignote les membres au risque de le faire disparaître (premier solo), ni son absence ponctuelle du plateau au profit de l’image vidéo, ne suffisent à en faire oublier la toute puissance.

On s’attendait à être bousculé, nous voila en prise avec une forme policée qui, en un dernier paradoxe, retombe confortablement sur ses pattes, la pièce s’achevant exactement comme elle a commencé. On prévoyait un démembrement explosif des organes du pouvoir scénique, on se retrouve avec une anatomie conforme, où chaque élément du spectacle est à sa bonne place. Sans la lecture préalable du programme, on ne se serait douté de rien…

Quant à l’interprétation de Thomas Lebrun, superbe de sincérité dans Feue Pina, elle s’abandonne ici à une expressivité disciplinée, où l’émotion par trop « jouée » s’asphyxie par elle-même.

— Conception, interprétation : Thomas Lebrun
— Collaborations artistiques : Bernard Glandier (chorégraphe), Ursula Meier (scénariste, réalisatrice), Michèle Noiret (chorégraphe), Charlotte Rousseau (vidéaste), Scanner (compositeur), Jean-Marc Serre (créateur lumière)
— Assistante : Anne-Emmanuelle Deroo
— Régie lumière : Jean-Marc Serre
— Régie son : Mélodie Souquet
— Régie vidéo : Charlotte Rousseau
— Administration, production : Rostan Chentouf
— Diffusion, communication : Caroline Boussouf

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