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15 Déc - 30 Jan 2011
Vernissage le 15 Déc 2010

Après avoir longtemps photographié l’étrange lumière de la nuit, Marie Bovo présente trois ensembles d’oeuvres récentes qui marquent un tournant dans son travail, en raison d’une plus large place accordée à l’architecture.

Marie Bovo
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Marie Bovo présente, à la Maison européenne de la photographie, trois ensembles d’oeuvres récentes, Bab-el-Louk (2006), Les Cours intérieures (2008), Grisailles (2010), qui marquent un tournant dans son travail en raison d’une plus large place accordée à l’architecture.

Marie Bovo a longtemps photographié l’étrange lumière de la nuit: les néons et les enseignes japonaises, dont les éclats colorés brûlent et trouent l’obscurité, mais aussi la pâle lueur de la Lune et des étoiles. De ces images, les humains sont absents, comme chassés de ce paradis de plages méditerranéennes où l’artiste a installé sa chambre photographique.

L’obturateur ouvert dilate le temps, fait cohabiter plusieurs temporalités — celle de la ville des hommes, demeurée hors champ mais dont on devine les éclairages électriques; celle, plus mythologique, de la nature, de la mer, du ciel et de la terre. Les photographies de Marie Bovo jouent de l’entre-deux, de la dualité, de l’antinomie.

Dans la série Bab-el-Louk (2006), elle installe son appareil sur le toit d’un immeuble élevé du Caire. Elle braque son objectif vers les maisons en contrebas, dont on ne perçoit que les toits-terrasses en raison du dense maillage urbain. L’artiste photographie cette même vue à diverses heures du jour et de la nuit : la ville est à chaque fois la même et différente.

Écrasée par un soleil de plomb aux heures chaudes, elle renaît dans la fraîcheur de la nuit. Ces toits-terrasses, «ce n’est pas encore dehors et pourtant ce n’est plus la stricte intimité de la maison. Ce sont des espaces intermédiaires, des intercesseurs entre les diverses dimensions de la ville», nous dit l’artiste.

«Les toits du Caire ne s’insèrent pas dans le schéma politique d’un ordre moral de l’architecture, ils renvoient pourtant à la position en surplomb de ces villes utopiques du Moyen-âge et de la Renaissance, toujours à l’horizon, toujours en hauteur, dont l’un des modèles est la Jérusalem Céleste. J’ai cadré sans ciel, en basculant le point de vue, une légère plongée d’où la perspective surgit cavalière, la ville étant à elle-même son propre infini.» Marie Bovo, extrait de Sitio, Ed. Kamel Mennour, 2010

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