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Simone Decker. Point of View

Séries photographiques et installations réalisées entre 1999 et 2004 documentant l’occupation spatiale, voire environnementale de l’artiste, et interrogeant les dualités intime/public, éphémère/monumental, léger/solide, etc. à l’aide de jeux d’échelles, d’illusions d’optique, de fausses perspectives, qui trompent le regard et faussent le réel.

— Auteurs : Michel Gauthier, Angela Rosenberg, Jochen Volz ; préface de Claire Le Restif et Enrico Lunghi
— Éditeurs : Casino-Luxembourg, Luxembourg / Crédac, Ivry-sur-Seine / Frac Bourgogne, Dijon
— Année : 2005
— Format : 19,50 x 26,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleur et en noir et blanc
— Pages : 170
— Langues : français, anglais, allemand
— ISBN : 2-919893-50-5
— Prix : 25 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste au Crédac (4 fév. – 20 mars 2005)

Présentation

Première grande exposition monographique des travaux réalisés entre 1999 et 2004 par l’artiste luxembourgeoise Simone Decker dont le travail consiste avant tout en des interventions spatiales à la fois plus amples et plus réduites grâce à l’illusion d’échelle que permet l’utilisation de l’objectif photographique.
Il s’agit de la première grande exposition monographique de cette artiste dont le travail a été montré dans plusieurs manifestations internationales ces dernières années, ainsi qu’à la 48e Biennale de Venise en 1999.

Après son projet «To be expected» au Casino Luxembourg en 1998, essentiellement constitué de mainmises sur les espaces d’exposition en «grandeur nature», la démarche de Simone Decker s’est surtout orientée vers des interventions spatiales à la fois plus amples et plus réduites : ses motifs, prenant comme arrière-plan des places, des paysages, voire des villes entières, apparaissent optiquement surdimensionnées grâce à l’illusion d’échelle que permet l’utilisation de l’objectif photographique.
La série des «Pavillons pour Saint-Nazaire» (1999), est emblématique de ce changement. Alors que le « Pavillon de chasse » (1998) occupait réellement le hall d’entrée du Casino Luxembourg pendant toute la durée de l’exposition et fonctionnait comme un véritable piège à spectateur, les «Pavillons pour Saint-Nazaire» résultent de l’application des règles de la perspective linéaire qui ont établi qu’un objet au premier plan est plus gros que ceux en arrière-fond. Or, c’est tout le processus de réalisation qui importe à Simone Decker, depuis le choix du lieu à celui des matières en passant par le temps physique qu’implique son travail : si la technique même de la photographie est indispensable à la création de l’œuvre, la photographie finale en devient également son document.

Les « Chewing and Folding Projects » (1999) présentés à la 48e Biennale de Venise condensent toutes ces préoccupations en une intervention qui prend l’espace de la Sérénissime en entier ainsi que le pavillon luxembourgeois lui-même comme sujet et objet. Dans la série photographique, des sculptures en gomme à mâcher investissent les ruelles et les places vénitiennes : il n’y a pas de fiction, il s’agit véritablement d’une immense exposition en plein air, mais dont la réalité visuelle est donnée par l’objectif photographique.
En revanche, les « Prototypes pour un espace infini » (1999) perpétuent les tentatives de l’artiste de domestiquer l’espace et d’en faire un objet prêt-à-porter. Les motifs et les matériaux utilisés par Simone Decker oscillent constamment entre séduction et répulsion, et peuvent également s’étendre aux êtres vivants, comme dans Jérémy (2000), ou devenir narration comme dans Le va-et-vient du Mont Saint-Watou (2001), du Recently in Arnhem (2001) qui combine ces deux éléments. Parallèlement, Simone Decker utilise aussi la lumière et le tissu pour déstabiliser l’espace et sa perception, notamment dans So weiss, weisser geht’s nicht (2001) ou Curtain Wall (2002), un projet réalisé pour le Printemps de Toulouse.

L’exposition présentera aussi une série de nouveaux travaux : «Denys» (ce sera le titre le 9 octobre : cette pièce prend chaque jour le nom du saint ou de la sainte patronyme) est un élément spatial longiligne et flexible en tissu qui encombrera l’Aquarium du Casino Luxembourg (présenté pour la première fois dans le cadre du projet « Re:Location Shake » à la Jan Koniarek Gallery à Trnava (SK) en juin 2004) ; les «Ghosts», sortes d’esprits de sculptures publiques de la ville de Luxembourg animant l’une des façades du bâtiment et ses caves, a couple of full moon, une vidéo présentée dans un dispositif optique spécialement conçu et NY Space, une réactualisation plus élaborée et plus privée de l’espace infini.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Casino-Luxembourg — Tous droits réservés)

L’artiste
Simone Decker est née en 1968 à Esch-sur-Alzette, Luxembourg. Vit et travaille depuis 1995 à Francfort-sur-le-Main.

Les auteurs
Michel Gauthier, né en 1958, est critique d’art. Il collabore régulièrement aux Cahiers du Mnam et a également fait paraître des articles consacrés à la littérature (Henry James, Francis Ponge ou Maurice Blanchot). Il est l’auteur entre autre de L’Anarchème (Mamco, 2002) et d’Élisabeth Ballet. Vie privée (Carré d’art, 2002).
Angela Rosenberg est artiste et critique d’art. Elle écrit notamment pour Flash Art et Parkett.
Jochen Volz est critique d’art et commissaire d’exposition indépendant, notamment pour Portikus à Francfort-sur-le-Main de 2001 à 2004.