DANSE

Showtime

PNicolas Villodre
@11 Déc 2009

Ce duo a pour point de départ la fusion entre le warba, le coupé décalé et une danse occidentale, actuelle et intemporelle, à base d’éléments provenant du music-hall. La pièce sera présentée en janvier dans le cadre du festival Faits d'hiver 2010.

Le café-théâtre, on connaît, le café-cinéma, le café-danse semble être un concept plus récent qui désigne un lieu (cf. le cafédanse d’Aix, créé en 1991) ou une formule artistique en « petites formes ». Le duo Boukson Sere-Philippe Ménard, sans aucune prétention, relève donc du café-danse. D’emblée, l’habit faisant le moine dans le milieu du show business, les deux jeunes gens se présentent en tenue de soirée (smoking impeccable, chemise immaculée, derbys vernis) et se situent ainsi dans la lignée des intermèdes de piste (Footit et Chocolat, le clown « blanc » et l’auguste noir qui se firent connaître au cirque Médrano, les Barios, etc.), du stand-up (Frank Sinatra-Sammy Davis Jr) et de la fantaisie télévisuelle contemporaine (Omar et Fred).

Tout n’est certes pas réussi — la pièce manque sérieusement de gags, furieusement de rebondissements, gestuellement de trouvailles —, tout n’est pas encore au point, question rythmique — les temps morts paraissent vraiment un peu faibles, les temps forts pourraient l’être sans doute plus. Tout est trop léger. Ou pas assez. Mais il n’y a pas mort d’homme. Certains ne manqueront pas d’apprécier le côté bon enfant de l’entreprise, d’autres, le simple fait que l’on ait privilégié la danse et résisté à la tentation du sketch dialogué.

On a pu noter aussi le parti-pris qui consiste à dévoiler le ressort du spectacle (de le « déconstruire », comme dirait l’autre), de montrer le truc qui, dans toute farce moliéresque, grandguignolesque, attrape le spectateur, parfois par des moyens expéditifs (cf. le coup de l’hémoglobine !).

Le dispositif est efficace et tout aussi simple : une guirlande de loupiotes télécommandées, d’intensité et d’orientation variables, avec le passage obligé d’aveuglement sadien du spectateur ; un microphone que les deux lascars n’utilisent pas vraiment ; un petit écran qui se déroule pour une séance de home vidéo juxtaposant deux thèmes voisins — une séquence de feu d’artifice qui accompagne le moment festif, un entracte sur scène, au milieu du spectacle, pendant lequel les duettistes débouchent une demie de mousseux et se désaltèrent aux frais de la princesse, et un montage d’archives en noir et blanc avec des destructions d’immeubles par implosion, symbolisant, d’après Anaïs Héroguel, l’écroulement de notre société.

C’est difficile, la danse. Le théâtre, n’en parlons pas. La poésie ? Vous croyez que cela intéresse encore ? Le comique ? Un art majeur, pas de doute. De là, notre exigence. L’absence de problématique, l’anecdotique des numéros dansés, le duo qui se change en défi limitent la portée du show.

N’empêche que le jeune public audonien a réagi au quart de tour, au moindre effet visuel. Il a applaudi chaleureusement la performance des deux danseurs qui ont, il faut dire, mouillé la chemise.

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