DANSE | SPECTACLE

All Ways

21 Nov - 21 Nov 2018

Pièce vertigineuse, All Ways, du chorégraphe Sharon Fridman, se penche sur dix années de création (2006-2016). Tous les chemins pouvant être empruntés sont-ils également valides ? À sept danseurs, All Ways reflète l'ivresse de la liberté collective, entre fuite et course-poursuite.

Sur une musique électro sombre et pulsée, sans être froide, composée par Danski (alias Idan Shimoni), le chorégraphe Sharon Fridman livre une pièce pour sept danseurs. Soit All Ways (2016), interprétée par Melania Olcina, Diego Arconada, Tania Garrido, Freddy Houndekindo, Richard Mascherin, Lucia Montes, Juan Carlos Toledo. Chorégraphe contemporain israélien, basé à Madrid depuis 2006, Sharon Fridman et sa compagnie décident en 2016 de fêter leurs dix ans d’activité. Avec un spectacle à caractère synthétique. Pièce en cinq tableaux, All Ways crépite inlassablement. Les danseurs courent, se heurtent, s’enlacent, se portent… Se font tourbillonner les uns les autres, vêtus de vêtements amples et souples… Dans une fuite, une course-poursuite aussi jubilatoire qu’inquiétante. Panique ? Euphorie ? La pièce All Ways [Tous les chemins] s’empare de la liberté. Plutôt que ‘n’importe quel chemin’, ‘tous les chemins’ reflète l’ivresse du choix.

All Ways de Sharon Fridman : la danse pour questionner la liberté des trajectoires

En exergue, All Ways se présente ainsi : Nous avons tous, devant nous de multiples routes, mais une seule nous mène à nous-mêmes. La liberté signifie peut-être le fait de voir toujours [always] toutes les routes disponibles, tout en n’empruntant que celle que nous sommes censés suivre. Retour sur dix ans de création chorégraphique, All Ways palpite ainsi des choix effectués, sur fond de tout ce qui aura été laissé en suspens. Mise en lumière de l’urgence à choisir, dans le plus inextricable des labyrinthes, imaginé par Jorge Luis Borges : un désert. Soit un espace sans route, où tout est chemin. Traçant les voies par le sillage des corps, All Ways dessine des géographies sinueuses, furieuses, turbulentes. Pour des danseurs qui traversent la scène, s’y attardent, repartent… Dans un jeu de vitesses où le chemin tient plus de la trajectoire en acte, que de la voie toute faite.

Tourbillon chorégraphique : une danse-contact entre fuite et course-poursuite

Danse-contact, les interprètes s’enchevêtrent au gré de trajectoires qui se croisent. Toutes les configurations possibles se dessinent. Chaque rencontre, chaque contact modifie les choix subséquents. Et aussi aléatoire que l’agitation dans un nuage de particules sous pression, All Ways résonne des compromis qu’induit une densité élevée. Si la scène est dégagée, en soi désertique d’objets, elle est surtout peuplée de sujets en mouvement. Entre encombrement conflictuel et harmonie fluide, tout semble possible. Il y a quelque chose de ludique dans cette course chorégraphique, façon balle au prisonnier. Et il y a quelque chose d’inquiétant lorsque la frénésie éparpille les danseurs. Ambivalence de la liberté, All Ways déploie un spectre chorégraphique allant de l’urgence à l’arrêt. De la mobilité à la contemplation. Comme une réponse à la pièce qui ouvre la soirée, ¿Hasta Dónde…? [Jusqu’où ?] (2011). Soit un duo en forme de lutte, initialement interprété par Sharon Fridman et Arthur Bernard.

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