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Shakespeare Machine

PEtienne Helmer
@12 Jan 2008

Avec le projet de la Shakespeare Machine, Jean-Pascal Princiaux propose un instrument de traduction d’énoncés verbaux en séquences d’images. Une façon d’activer et nourrir une pensée en images.

Traduire un énoncé du langage naturel en séquences d’images: telle est l’ambition de la Shakespeare Machine dont Jean-Pascal Princiaux, assisté de quelques collaborateurs, est le maître d’œuvre.

Actuellement au stade de la maquette, le projet implique un travail informatique et mathématique important dont la fonction principale est de permettre la conversion d’un énoncé en séquences d’images animées, puisées dans un stock appelé à s’enrichir perpétuellement.

La difficulté majeure est d’établir le plus haut degré de pertinence possible entre les mots et les images, un peu sur le mode des moteurs de recherche sur Internet, dont l’efficacité dépend de leur capacité à classer par ordre de pertinence les occurrences du terme ou de l’expression recherchés.
Avec les images, le problème est d’autant plus complexe que les différents éléments d’une même image la lient nécessairement à différents termes du langage naturel. Et plus encore, la Shakespeare Machine devra savoir restituer par un enchaînement approprié d’images la relation entre les divers mots de l’énoncé.

Pour donner une idée des possibilités de cet outil, la Galerie Michèle Chomette présente une suite d’images juxtaposées par l’artiste, que le visiteur est invité à déplacer pour les disposer dans l’ordre de son choix: il peut ainsi créer une trame narrative différente de celle qu’il a trouvée en arrivant dans la galerie, selon le scénario qu’il lui plaît d’imaginer.

Cet aperçu ludique laisse entrevoir les possibilités offertes par cet ambitieux projet. Il a d’abord pour vocation le développement d’un assistant informatique à la création de films, qui offrirait aussi la possibilité d’intervenir sur la séquence produite pour la compléter ou la modifier. Le réalisateur pourrait ainsi très rapidement visionner une première ébauche de son film et la retoucher immédiatement jusqu’au résultat souhaité. Le flou de l’imagination serait alors canalisé par la précision croissante des séquences d’images produites.

Ensuite, outre l’intérêt d’un tel outil pour l’industrie culturelle au sens large, la Shakespeare Machine a ceci de fascinant qu’en associant étroitement la logique des images à celle des mots, elle active et nourrit une pensée en images. En donnant corps aux fantaisies de l’imagination, elle en ferait mieux comprendre la dynamique et les structures.

On peut aussi supposer enfin que, par corrections successives, les enchaînements d’images produits pourraient guider en retour les énoncés qui les ont fait naître, et faire apparaître ainsi ce que le langage naturel n’était pas encore parvenu à formuler clairement: en somme, faire voir les images dans les mots.

Consulter
le site www.shakespearemachine.com/

Jean-Pascal Princiaux
— Schilthorn Preview, 2007. Film. 3 min.
— Sharemonsieur #1, 1999. Film. 13 min.
— Schilthorn soir Preview, 2007. Film. 2 min.
— Sharemonsieur #2, 2001. Film. 14 min
— Moleskine Fusion (extrait), 2006. Film. 1 min
— Sharemonsieur #3, 2002. Film. 24 min.
— Intérieur sexe Preview, 2006. Film. 2 min.
— Sharemonsieur #4, 2003. Film. 18 min.
— Schilthorn nuit Preview, 2007. Film. 3 min.
— Sharemonsieur #5, 2005. Film. 14 min.
— Piz-Gloria explosion Preview, 2007. Film. 2 min.
— Maquette Pupitre Magique, 2007. Composants électroniques, carton, pattes de poulets, boutons, contes russes, écran, programme informatique. 170 ko. 50 x 50 x 50 cm.
— Maquette 007Shaker, 2007. Programme informatique, film. 190 ko.
— Maquette Navigateur Sémantique, 2007. Programme informatique, film. 100 ko.

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