ART | EXPO

Seul celui qui connaît le désir

21 Oct - 10 Jan 2016
Vernissage le 19 Oct 2015

L’artiste islandais Ragnar Kjartansson s’attache à dépeindre les stéréotypes du bonheur occidental en brouillant les frontières entre le banal et le sublime. Cette attention à la fragilité précieuse des sentiments est exprimée avec humour dans la grande installation performative Bonjour, produite en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris.

Ragnar Kjartansson
Seul celui qui connaît le désir

Le Palais de Tokyo présente la première exposition personnelle en France de l’artiste islandais Ragnar Kjartansson. De manière à la fois poétique et surprenante, l’exposition s’attache à dépeindre les désirs quotidiens, en quête de transcendance, brouillant les frontières entre le banal et le sublime.

Parmi les œuvres inédites réalisées pour l’exposition figure Bonjour (2015), une performance spectaculaire qui met en scène la rencontre fugace d’un homme et d’une femme dans le décor à l’échelle 1 d’une place pittoresque d’une petite ville française.

Scenes from Western Culture (Scènes de la culture occidentale) (2015), autre œuvre qui sera présentée pour la première fois lors de l’exposition, est constituée d’un ensemble de peintures cinématiques et idylliques, qui trouvent une certaine inspiration dans les compositions de Jean-Antoine Watteau: une scène de bateau à moteur sur un lac suisse, un couple qui fait l’amour dans une confortable chambre à la décoration minimaliste, une baignade dans une piscine, l’incendie d’une cabane en bois, des enfants issus de la bourgeoisie qui jouent dans un jardin public à Munich, etc. Cette importante installation vidéo célèbre et déplore tout à la fois les désirs produits par la culture occidentale.

L’œuvre Seul celui qui connaît le désir (2015) est composée de grandes peintures disposées de façon aléatoire et qui représentent des glaciers et des roches enneigées, rappelant la tradition théâtrale du décor peint. Au sein de ce système d’illusion apparent, le bois joue le rôle d’une roche. Ces objets imposants contiennent et révèlent leurs nombreuses aspirations: à la beauté, à la transcendance, à être autre chose, et illustrent ainsi parfaitement la tension entre le banal et le sublime.

Ragnar Kjartansson compose une œuvre singulière à la croisée de la performance et du cinéma, de la sculpture et de l’art lyrique, de la peinture de plein air et de la musique. Il produit régulièrement de vastes projets interdisciplinaires dont la réalisation implique souvent plusieurs participants — acteurs, musiciens, amis et membres de sa famille.

Le projet d’exposition conçu par Ragnar Kjartansson pour le Palais de Tokyo succède à une importante série d’expériences inspirées de World Light (Lumière du Monde) (1937-1940), le roman épique composé de quatre volumes du Prix Nobel Halldór Laxness. Considéré comme le chef-d’œuvre de cette figure incontournable de la Littérature islandaise du XXème siècle, et comme une sorte de bible pour de nombreux artistes islandais, l’ouvrage relate l’histoire tragique et éminemment romantique d’un poète maudit.

A Berlin et à Reykjavik, avec la complicité de Kjartan Sveinsson, ancien pianiste du groupe Sigur Ros, l’artiste a conçu une adaptation lyrique du roman. Intitulée The Explosive Sonics of Divinity (Les sonorités explosives du Divin) (2014), l’œuvre bouscule le genre du spectacle lyrique en remplaçant l’ensemble des comédiens par des éléments de décors, seuls acteurs sur scène. Ces décors, peints par l’artiste, reproduisent des paysages islandais romantiques et stéréotypés.

World Light (Lumière du Monde) (2015), autre œuvre qui sera montrée pour la première fois au Palais de Tokyo, est une vidéo qui découle d’une performance intitulée The Palace of the Summerland (Le Palais du pays de l’été) (2014), dans laquelle Ragnar Kjartansson et ses amis ont transformé, quatre semaines durant, l’espace d’exposition du Thyssen Bornemisza Art Contemporary (Vienne, Autriche) en plateau de tournage. En collaboration avec plus d’une vingtaine d’amis artistes et de membres de sa famille, il a offert aux visiteurs une exposition en évolution constante, révélant l’intégralité de la production du film — des répétitions à la création des costumes jusqu’au tournage.

Enfin, certaines œuvres présentées au Palais de Tokyo, telles que Raging Pornographic Sea (2012) et Me and My Mother (2000, 2005, 2010, 2015), mêlent aux questions soulevées par le ressassement des questions liées à la filiation, sujet essentiel de la démarche de l’artiste au sein de laquelle fiction et réalité tendent plus que jamais à se confondre.

Ragnar Kjartansson est né en 1976 à Reykjavik. Il y vit et travaille.

Vernissage
Lundi 19 octobre 2015

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