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Semaines n° 1

Semaines, bimestriel pour l’art contemporain, réunit les cahiers hebdomadaires de Semaine et est augmenté de nouvelles rubriques. Semaines offre à ses lecteurs la possibilité d’accéder au plus près de l’art en partageant directement avec les acteurs du milieu artistique les projets de ceux-ci, artistes, commissaires ou auteurs.

Information

Présentation
Gwénola Ménou
Semaines n° 1

Semaines, bimestriel pour l’art contemporain, vient compléter le rythme hebdomadaire de la revue, qui la caractérisait depuis maintenant plus de deux ans. Fragment après fragment, la revue hebdomadaire constitue bien entendu un support de diffusion et de communication, mais surtout un outil éditorial et expérimental, et certainement une source directe pour «écrire» l’histoire contemporaine.

La périodicité hebdomadaire de Semaine évolue dans un mouvement qui peut croiser celui des expositions et actualités de l’art, éventuellement se placer parallèlement à lui, mais aussi s’inscrire en contretemps. Une grande majorité des numéros se positionne dans l’actualité, ce qui reflète probablement une attention très justement concentrée sur le temps de l’exposition, celui offert au public par la structure institutionnelle ou privée. Mais, probablement nourrie de l’expérience de l’art partagée au domaine de Kerguéhennec sous la direction de Denys Zacharopoulos, ou peut-être éclairée par l’exposition Densité ou le musée inimaginable qui y a été présentée en 1998 — et à laquelle nous pourrons, j’espère, consacrer une rubrique dans le prochain numéro de Semaines —, l’intention de la revue reste de travailler avec les œuvres et les expositions dans tous leurs états. Le présent de l’art n’est pas son actualité. Il est bien évident que les oeuvres comme les expositions ne se résument pas à la durée de leur présentation. L’espace public restant très étroit pour les dimensions artistiques qui entourent le moment de l’exposition, c’est cet interstice que Semaine et maintenant Semaines entendent développer. En rendant publiques la pensée artistique, la matérialité de l’œuvre et la réflexion qui la prolonge, se dessinent les moyens d’une approche historique possible de l’art en train de se faire. Les continuités et discontinuités ainsi scandées, ici par le temps, sont également perceptibles dans la diversité, ou non-conformité, des œuvres et des expositions qui traversent Semaine. Structures reconnues et expérimentales s’y rencontrent, et se reconnaissent.

Les distances entre les personnes, les écarts entre les projets sont autant d’espaces pour le présent de l’art et de champs pour la perception de l’art contemporain. Cette exploration en oeuvre dans la revue hebdomadaire est prolongée et affirmée dans le bimestriel à travers différentes rubriques qui, chacune, se positionnent par rapport à l’exposition. «Stanze» offre quelques pages à une galerie et à un artiste pour proposer une circulation linéaire ou rhizomatique dans une oeuvre, reflet ou perspective d’elle-même. Les «Specific Projects» présentent des projets d’expositions abordés dans ce contexte très particulier de leur condition de projet, de travail en devenir. Les «Immédiats» sont des instants partagés par des auteurs, des témoignages directs d’expériences d’une exposition. Le «Work in Project» permet de découvrir une oeuvre encore en projet, et admet l’ambiguïté du statut de projet, celle-là même quévoque Claire Tangy dans un texte consacré à Christophe Cuzin. Au coeur de ces partis pris structurels, Semaines, bimestriel pour l’art contemporain, offre à ses lecteurs, là aussi de manière «im-médiate», la possibilité d’accéder au plus près de l’art en partageant directement avec les acteurs du milieu artistique, artistes, commissaires ou auteurs, les projets de ceux-ci.

Après la parution de plus de cent numéros de la revue sous sa forme hebdomadaire, et après avoir constaté que l’intérêt pour chaque numéro était bien plus évident que la lecture d’un territoire artistique ainsi tissé, il m’a semblé nécessaire de préciser ici les enjeux qui soutiennent ce projet éditorial. J’espère néanmoins que ces quelques mots posés ne trahiront pas la volonté constamment éprouvée de laisser les œuvres et la réflexion artistique constituer leur propre histoire, que la réalité sera suffisamment éloignée du projet dessiné ici pour laisser toute sa place au champ de l’expérience.