ART | EXPO

Self-portraits

05 Fév - 28 Fév 2015
Vernissage le 05 Fév 2015

Passant de la photo à l’aquarelle, Yuan Yanwu se livre à vif. Avec la couleur à l’eau, l’artiste a cherché à restituer l’expérience du mouvement, des altérations et des transitions. Pour donner naissance à des autoportraits au teint plombé, des visages marqués de rides, usés, défaits, ou bien des doubles envoûtés, des empreintes hallucinées.

Communiqué de presse
Yuan Yanwu
Self-portraits

L’artiste Yuan Yanwu propose un nouveau travail qui surprend chez celle qui avait présenté dans ses précédentes réalisations, d’exquises et paisibles images d’elle-même enfant. Certes, Yuan Yanwu y prolonge un même questionnement de l’identité, mais cette fois, en s’y livrant à vif et presqu’avec impudeur. Comme si ce qu’elle avait affronté avait aussi bouleversé sa manière de créer.

«L’aquarelle s’est imposée à moi», dit-elle. L’eau et le papier, une tradition picturale de la Chine mais qu’elle ne pratiquait pas. «Avec des photos j’aurais arrêté des instants, avec l’aquarelle j’ai cherché à restituer l’expérience de mouvements, d’altérations, de transitions».

Ce qui lui importait également c’est que le travail soit fait à la main, comme pour les retouches infinies de sa précédente série. «Pour traduire le temps, j’ai besoin d’un travail qui dure», dit-elle. Et c’est bien le temps qui ordonne cette nouvelle série-journal intime avec une particulière cruauté, s’incarnant dans des autoportraits au teint plombé, des visages marqués de rides, usés, défaits, doubles envoûtés, empreintes hallucinées. La tête d’enfant s’est fissurée. La porcelaine s’est brisée.

Cette «catastrophe», au sens de Gilles Deleuze, et sa traversée, c’est ce que Yuan Yanwu nous donne à voir dans cette nouvelle série. La couleur s’y est le plus souvent diluée, comme imbibée de larmes, flottant à la dérive. Mais elle semble parfois se ressaisir face à cette fluidité délétère, se ramasser et se figer, renforcée alors par des couches successives, unifiée par des frottis de térébenthine.

Un double mouvement d’abandon et de sursaut qui transpose un sentiment de dépossession et la volonté d’y résister. On le discernait déjà dans sa précédente série, «Self-portraits part 1». Yuan Yanwu dénonçait discrètement avec d’exquises images d’elle enfant, lissées par un long et minutieux travail de retouche, la violence de ceux qui, en la photographiant, l’avait comme emprisonnée. Aujourd’hui elle s’affirme avec force en figurant, pour s’en affranchir, des moments de trouble, d’entre-deux, qui ont pu la rendre absente, étrangère à elle-même. Et dans ces autoportraits singuliers et intimes, il n’est pas étonnant que l’aquarelle s’émancipe de la transparence, comme si elle aussi voulait prendre corps.

Eric Vinassac

Yuan Yanwu est née en 1976 à Huang Shan, Chine.

Vernissage
Jeudi 5 février 2015

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