ART | EXPO

See eye to eye

10 Oct - 22 Nov 2015
Vernissage le 10 Oct 2015

Les contours anguleux et les volumes vides des structures de Tarik Kiswanson contredisent une certaine tradition sculpturale, celle où les masses compactes ou hermétiques s’imposent auprès de leur observateur. Ici, les arêtes métalliques, les traces d’oxydation ou l’allusion à un mobilier domestique, quand il ne s’agit pas d’évoquer l’art africain, sont autant d’éléments témoignant d’une résonance nouvelle avec l’art de la sculpture.

Tarik Kiswanson
See eye to eye

Le « corps » de la sculpture chez Tarik Kiswanson ne consiste jamais en un volume plein, en une matière qui serait fermée sur elle-même. Il s’agit au contraire d’une structure, au sens propre du terme, principalement aérienne et immatérielle, où le vide joue un rôle dynamique majeur. Ces surfaces métalliques, façonnées par l’artiste, imposent au regardeur la présence à la fois incertaine et menaçante de leurs contours volontiers coupants, de leurs angles aigus, de leurs pointes effilées et de leurs reflets multiples. Les traces d’oxydation, produites sous l’action de la soudure, prennent ici une dimension d’ordre pictural en ce qu’elles maculent, de toutes les couleurs du spectre, ces surfaces réfléchissantes parce que longuement polies. Ramené à ses lignes de forces, à ses arêtes, un mobilier squelettique est par exemple sciemment dépourvu de son rôle de support ou stockage. Il se voit tantôt posé sur le sol ou accoté au mur, où il côtoie volontiers des masques (voire les formes négatives de ceux-ci) fixés au mur, tels des reliefs évoquant les expérimentations constructivistes de Gabo et Anton Pevsner sur l’art africain. Autre fait notable, ces objets paradoxaux se montrent réactifs à leur environnement, tant sur un plan spatial qu’humain : sensibles à la proximité de leur observateur, elle mettent en jeu la surprenante élasticité du métal. Souvent en équilibre, elles vibrent au moindre contact de la main, au moindre déplacement d’air. Sans compter leur constante résonance politique et culturelle, qui traduit la double origine, scandinave et arabe, de leur auteur, les oeuvres de Tarik Kiswanson semblent démontrer la nécessité d’une réactivité physique de l’oeuvre à la présence d’un spectateur légitimement lassé de l’image-emballage ou du virtuel hoquetant.

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