ART | EXPO

Sculptures terrestres et atmosphériques

23 Jan - 25 Avr 2009
Vernissage le 22 Jan 2009

Avec une économie de moyens, Pierre Malphettes formalise des phénomènes naturels en empruntant ses matériaux au monde industriel.

Pierre Malphettes
Sculptures terrestres et atmosphériques

L’exposition personnelle de Pierre Malphettes s’inscrit dans une démarche de soutien et d’accompagnement du Frac amorcée dans les années 2000 avec l’acquisition de l’installation Les attracteurs étranges (2000), de la vidéo Le Festin (2003, une «fiction ethnographique» selon le terme d’Olivier Michelon) et poursuivie en 2008 avec celle du film Firefly (un road-movie nous faisant voyager de Marseille à Durness, aux confins de l’Écosse). L’exposition «Sculptures terrestres et atmosphériques» au Frac mettra en perspective et en résonance des pièces éloignées dans le temps et des productions nouvelles, afin de susciter une confrontation, un dialogue — formel, conceptuel, sensible. De façon parallèle et complémentaire, l’Ancien presbytère, lieu de l’association Art’ccessible, présentera aux mêmes dates le film Firefly et un ensemble de photographies prises au cours du voyage.

Sculpteur avant tout, même si la photographie ou la vidéo servent à certains moments des projets spécifiques, Pierre Malphettes formalise des phénomènes et éléments naturels, en empruntant au monde industriel — matériaux de chantier, de construction, produits manufacturés… — dans une économie de moyens recherchée. De cette alliance souvent paradoxale naît une poétique ambivalente, physique, chargée de séduction et de tension. Pour autant, l’enjeu est moins de représenter que de chercher à comprendre un mécanisme en le reproduisant, d’infiltrer de l’impermanence et de l’intangible dans les certitudes ou, inversement, de rendre palpable, par la création d’une réalité perceptive et sensorielle «l’épaisseur» et «la diversité» de cet espace entre nature et artifice. L’intitulé de l’exposition, par l’étendue sémantique de ce qu’il désigne, annonce ce champ délibérément vaste d’exploration. D’une façon générale, les titres des pièces sont assez souvent constitutifs des oeuvres et parties prenantes du déplacement poétique que crée le décalage entre signe et signifiant. Que ce soit par le biais de la description, de l’allégorie ou de l’oxymore, ils en posent alors immédiatement et explicitement la problématique, renversant les évidences, obligeant à des excursions mentales.

La première salle présente un nuage en verre formé de quinze feuilles de verre verticales et parallèles, mises en tension d’un pôle à l’autre, du sol au plafond, du ciel à la terre. À sa droite, Un tas de sable — constitué de claustras en béton taillées et cimentées les unes aux autres — fait coexister deux états et deux temporalités différentes : «le produit manufacturé reconstruit son origine», comme l’écrit Léa Gauthier, en même temps qu’il lui restitue une liberté primordiale. Disséminé en plusieurs endroits sur les murs, un Brouillard prend la forme d’une multitude de points peints à la main suivant une trame précise, mais dont le dessin peut varier selon le lieu — le principe de l’oeuvre étant de grandir, de s’étendre dans le temps et dans l’espace. Quatre réalisations ont déjà eu lieu (Hambourg en 2000 ; Villa Arson, Nice en 2003, Lophem, Belgique et Paris en 2006). Ici, il revient telle une ponctuation faire lien entre les pièces.

Dans la salle suivante, Cloisonnement (2) invite les visiteurs à pénétrer une architecture d’air faite de parois de polyane translucide vibrant au souffle de ventilateurs. Le redécoupage de l’espace, jouant de la contrainte physique et du trouble visuel, en désoriente l’appréhension et en redéfinit la circulation. Plus loin, une série de flaques d’eau en métal d’où émergent des pierres flottent à quelques centimètres du sol. Reposant par une extrémité sur un cube de béton, une longue poutre en acier voit sa logique de soutènement retournée par un évidement méticuleux qui annule l’utilité de sa fonction, et propose de nouvelles lois physiques : le fragile se substitue au solide, l’informe à la forme.

Dans la dernière salle, Les attracteurs étranges revisitent la théorie du chaos en un ballet hypnotique et faussement menaçant, orchestré par deux ventilateurs, devenus maîtres de l’ordre et de l’aléatoire.

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