LIVRES

Sculpture de Derain à Séchas. Collection du Centre Pompidou, musée national d’Art moderne

La sculpture au XXe siècle à partir de 74 œuvres et selon deux thématiques : forme et espace. Un catalogue largement illustré, accompagné d’un essai de Sylvie Coëllier analysant ce médium d’un point de vue historiciste, pour mieux en saisir les aboutissants contemporains.

— Auteurs : sous la directions de Françoise Cohen et Marielle Tabart : Bruno Racine, Jean-Paul Fournier, Daniel J. Valade, Alfred Pacquement, Sylvie Coëllier
— Éditeurs : Centre Pompidou, Paris / Carré d’art, Nîmes
— Année : 2003
— Format : 28 x 22 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 119
— Langue : français
— ISBN : 2-84426-199-X / 2-907650-30-0
— Prix : 29 €

Présentation
par Françoise Cohen

Au début du XXe siècle, la peinture est dominante et la sculpture est attachée à des personnalités singulières particulièrement fortes, tel Auguste Rodin. Il est possible, à travers des expositions comme celle organisée en 1889 par la galerie Georges Petit, d’établir un parallèle entre ces deux arts à la lumière des parcours contemporains de Monet et de Rodin. Mais avec le XXe siècle — et le rôle qui lui est alors conféré dès les premières années ne sera plus remis en doute —, la sculpture est une sorte d’ouvroir de la pensée plastique contemporaine. Ainsi peut-on expliquer la fécondité et l’importance de la sculpture des peintres (Matisse, Picasso), soulignées par de nombreuses expositions,

Si le laps temporel est important — de 1907 à 2000, pour l’œuvre la plus récente —, il ne semblait pas satisfaisant de s’en remettre à la seule chronologie pour organiser notre regard sur ces fonds. Le parti choisi est de favoriser à travers deux grandes catégories, « Forme » et « Espace », six thématiques qui, chacune à leur tour, explorent un développement pertinent dans la continuité longue du siècle. L’exposition ne peut toutefois prétendre à l’exhaustivité et c’est parfois grâce à un rapprochement formel que se tisse une relation qui peut mettre en évidence de nouveaux pans, ouvrir les limites des mouvements reconnus. Du minuscule, tel que Giacometti l’a expérimenté, au monument où la dimension qui dépasse l’homme n’a toutefois pour but que de l’exalter, comme dans le Monument à la III Internationale de Tatline, cette exposition rend compte de la diversité du champ sculptural. Cette variété est bien sûr celle des matériaux, puisqu’une grande partie des recherches du XXe siècle s’est identifiée à la recherche de nouveaux matériaux. De l’œuvre terminée à la présence de l’atelier, du symbolique et de l’intime à la reproduction à l’identique d’un fragment du réel, de la recherche la plus sophistiquée à l’exploitation d’une forme archétypique, la sculpture contemporaine apparaît comme ce condensateur d’énergie créative au sein d’un espace.

La sculpture est matière. Il semblait donc essentiel et évident d’ouvrir ce panorama de tout un siècle sur l’antinomie du « Plein/creux » et l’« Antiforme ». Ces deux thèmes illustrent bien que les artistes n’ont cessé de mener une réflexion sur les fondements mêmes de la sculpture, revenant toujours à la définition de la forme, du volume. Avant même de poser la question de la représentation, dans sa matérialité même, la sculpture, parce qu’elle a un poids, un aspect de surface auxquels peut se confronter très concrètement le spectateur, qu’elle partage avec lui les trois dimensions, entretient une relation particulière avec la figure humaine et peut, sous des espèces diverses selon les époques, dans une certaine mesure en apparaître comme le substitut. La sculpture établit un langage lisible dans l’espace. Construction ou signe, elle se situe au niveau du réel.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Carré d‘art)

Les auteurs
Françoise Cohen est directrice du Carré d’art — Musée d’art contemporain à Nîmes, conservateur en chef et commissaire de l’exposition « Sculpture » au Carré d’art (6 mai-31 août 2003) ;
Bruno Racine est président du Centre Pompidou ;
Jean-Paul Fournier est maire de Nîmes, président de Nîmes-métropole et conseiller général du Gard ;
Daniel J. Valade est président du Carré d’art – Musée d’art contemporain à Nîmes, adjoint au maire de Nîmes, délégué à la culture ;
Alfred Pacquement est directeur du Centre Pompidou, musée national d’Art moderne-Centre de création industrielle ;
Marielle Tabart est conservateur au Centre Pompidou et commissaire de l’exposition « Sculpture » au Centre Pompidou (6 mai-31 août 2003) ;
Sylvie Coëllier est historienne de l’art.