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Scratches

04 Avr - 17 Juin 2012
Vernissage le 03 Avr 2012

Le «scratch» est un terme du «deejaying» qui fait partie avec le graffiti de la culture Hip Hop. A travers ce concept, Dominique Auerbacher présente une installation murale de vingt-cinq tableaux photographiques, représentant des tags berlinois inscrits sur les vitres des métros et diffractant la lumière.

Dominique Auerbacher
Scratches

«Scratches», corpus d’images photographiques réalisé à Berlin en 2009, manifeste de ces accumulations d’inscriptions codées, d’acronymes, gravés par des anonymes dans les vitres des transports publics qui circulent jour et nuit dans toute la ville.

Le scratch est un terme du deejaying qui fait partie de la culture Hip Hop tout comme le graffiti et le tag. J’ai nommé Scratches ces tags que les berlinois désignent comme des Kratzen (griffures, en français); «Scratches» de même que Kratzen a une sonorité proche de l’onomatopée.

La communauté invisible des taggeurs transforme les surfaces vitrées en des œuvres collectives éphémères qui m’évoquent des œuvres de l’Action painting. Les «Scratches» captent et diffractent le soleil et les lumières de la nuit; l’éclat d’un rayon dans une griffure, l’éblouissement du blanc. Les jours ternes, les «Scratches» s’estompent. A travers les jeux de leurs transparences et leurs opacités, ils révèlent et effacent, à chaque instant, des morceaux de ville.

Tout le long des trajets, dans les vitres, les perspectives et les distances basculent, le proche et le lointain s’inversent. Scratches, rues et visages, intérieur et extérieur, se superposent, les formes et les couleurs se mêlent… un bras défile sur une façade, derrière un tag une bouche riante gigantesque, l’affiche publicitaire se fait absorber par le jaune vif d’un tram, un «Don’t be a maybe» traverse mon reflet.

Des tableaux de «Scratches», se construisent et se déconstruisent dans l’écran LCD de mon appareil photo.
Considérés comme des actes de vandalisme ces tags sont en train de disparaître du paysage berlinois. La BVG, la compagnie berlinoise des transports, remplace petit à petit sur les surfaces vitrées, le film adhésif transparent qui était renouvelé une fois taggé, par un film plus épais anti-tag, transparent mais fortement teinté vert ou imprimé du motif blanc de la porte de Brandebourg.

Ces tags s’inscrivent dans la longue histoire du graffiti, des inscriptions populaires cursives, des combinaisons d’écriture et de dessins, que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations, la Grèce antique, la cité maya de Tikal, à Pompéi… Les «Scratches» sont une des manifestations les plus récentes et les plus éphémères du graffiti, avec eux disparaît une forme de liberté d’expression de la culture urbaine underground.

«Sans la photo, le graffiti existe, mais comme s’il n’existait pas… Sans la photo, ils seraient voués à la destruction.»
Picasso in Conversations avec Picasso, publié par Brassaï en 1964.

Dominique Auerbacher

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’interview de Dominique Auerbacher, réalisée par Julie Aminthe, en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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