LIVRES

Scènes de ménages. Petits accrochages entre amis

Livre témoignant de la relation privée à l’œuvre. Des amis du frac Lorraine ont choisi et exposé des œuvres dans leurs appartements ouverts au public le temps de l’accrochage. À eux d’expliquer leur choix et d’en faire la médiation auprès d’inconnus. Une démarche intéressante qui mériterait d’être généralisée…

— Éditeur : Frac Lorraine, Metz
— Année : 2002
— Format : 23 x 16 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : non paginé
— Langue : français
— ISBN : 2-911271-04-1
— Prix : non indiqué

L’appel fut entendu
par Béatrice Josse (extrait)

Il a suffi à une dizaine de foyers d’accueillir des œuvres d’une « collection nomade » pour marquer le désintérêt que portaient les instances locales à une collection publique de 600 œuvres et pour bouleverser quelque peu les conservatismes locaux.

Concernant la réédition de cette manifestation en 2001, il convient de préciser que le contexte avait fortement évolué, de manière positive, pour le Frac et ses Amis. Un projet d’implantation avait réellement pris forme et l’urgence n’était bien sûr plus avérée. La manifestation devenue bi-polaire (l’ancestrale dichotomie Metz-Nancy oblige) offrait simplement mais impérieusement une réponse au souhait unanime de la part des premiers participants de réitérer l’expérience.

Elle correspondait, pour notre part à une envie de réfléchir aux codes de perception qui président à la réception d’une œuvre d’art contemporaine et particulièrement au brouillage des notions d’espace public / privé. Outre cette question, dont on sait qu’elle fut à l’origine de nombreux projets du Frac : Actions urbaines en 1996/97, Tadashi Kawamata en 1998 et récemment Krijn de Koning, nous souhaitions par ailleurs susciter des mécanismes d’appropriation des œuvres par les amateurs-collectionneurs.

Ryman disait : « c’est le collectionneur qui termine l’œuvre en l’accrochant. Ça ne peut se faire n’importe comment. L’œuvre vit en fonction de son accrochage. Chaque pièce à installer a sa lecture cachée. Elle devra trouver sa place dans un lieu donné pour se laisser découvrir. » [Robert Ryman in Thomas Mona, Un Art du secret : Collectionneurs d’art contemporain en France, Nîmes : J. Chambon, 1997]

Notre intention, tout comme celle qui initia « Chambre d’Amis » [exposition organisée par Jan Hoet en 1986, à Gand] fut de « confronter, la dynamique et le caractère apparemment non problématique d’une maison habitée avec la neutralité intemporelle et l’isolement du musée » . Nous souhaitions en fait rendre compte ou rendre tangible l’importance du contexte de présentation des pièces ainsi que l’investissement personnel, qu’il soit émotionnel, esthétique ou politique, qui préexiste à tout accrochage d’œuvres.
Nous entendions proposer des œuvres aux choix subjectifs d’amateurs d’art permettant ainsi de « réinitialiser » ces travaux et de permettre à ces collectionneurs en puissance de choisir dans un corpus possible de pièces à acheter.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du Frac Lorraine)

Les auteurs
Béatrice Josse est directrice du Frac Lorraine.