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Save Picasso

01 Avr - 30 Avr 2011
Vernissage le 01 Avr 2011

La galerie Intuiti a proposé à ses artistes de sauver sept lithographies de Picasso en les détruisant, en enfantant d’elles de nouvelles oeuvres.

Communiqué de presse
Guillaume Aubry, Elvire Bonduelle, Filomena Borecká, Aldo Caredda, Cyril Gauthier, Julie Genelin, Blandine Laneyrie della Torre, Véronique M., Christel Mortier, Patox, Marc del Piano, Philippe Soussan, Tristam
Save Picasso

Il n’y a en art, ni passé, ni futur. L’art qui n’est pas dans le présent ne sera jamais.* La galerie Intuiti, s’emparant de cet axiome, présente aujourd’hui une exposition collective, mieux, une aventure artistique. Laquelle s’appuie sur une grammaire naturellement contemporaine, qui vient donner sens et exemplarité en plus d’insuffler son éclatante force vive. Son sujet, nous allons le voir, relève de paradoxes que Picasso aurait sans le moindre doute croqués allègrement à pleines dents, tout comme il déchira en son temps, l’académisme.

Picasso, qui pour rompre avec les maîtres, initia le massacre critique de la peinture dite classique, «comme un chirurgien dissèque un cadavre», renversa de l’intérieur les codes de l’orthodoxie comme on abat des murs, se fit apostat pour mieux devenir pape: «Auparavant, un tableau était une somme d’additions. Chez moi, le tableau est une somme de destructions.»

Puis, Picasso devenu maître lui-même, sans doute le peintre le plus connu au monde, intouchable autant qu’inaccessible, star prodigue réservée aux grandes institutions, eut enfin un musée rien que pour lui. Un musée situé là, à deux pas, au cœur du Marais. Un musée vers lequel se déplacent, encore, les foules. Un musée pourtant fermé. Et ce depuis deux ans. Deux années pendant lesquelles c’est tout un quartier qui vit dans la sidération, un quartier sous respiration artificielle, dans une ambiance polluée par une communication quasi inexistante et génératrice de déceptions. Un quartier de galeries, 
d’amateurs d’arts, coupés de leur poumon.

Pour Intuiti, il s’agit aussi, en un geste militant, de venir générer une autre énergie. Une belle énergie. Une énergie créatrice, s’il en est. Que la plus petite galerie du quartier puisse se substituer ainsi à un musée, que des oeuvres signées du peintre le plus célèbre du XXe siècle puissent être sauvées par des artistes en devenir, que l’art moderne se trouve oxygéné par l’art contemporain, les voici donc nos paradoxes. Et ils sont saisissants.

A l’origine de ce projet, il y a évidemment une jolie histoire. Celle d’une rencontre bien sûr, et celle d’une découverte. Sept lithographies originales de la série des Portraits imaginaires de Picasso, Les Mousquetaires, dormaient, oubliées dans une cave depuis longtemps. Mises au jour, expertisées, on s’aperçoit que très usées, endommagées par le temps, aucune restauration ne pourrait leur venir en aide.  

La galerie Intuiti décide alors de proposer à ses artistes de sauver ces lithographies en les détruisant, en enfantant d’elles de nouvelles oeuvres. Stupeur, craintes, hésitations, preuve est donnée que Picasso impressionne, on ne veut pas, on s’acharne avec noblesse à répondre que l’on utilisera sans doute des copies… Les galeristes insistent, sérieux, forcent un peu le degré de lecture, expliquent leur engagement, leur conception de ce que l’art peut être, passé et à venir,  mais surtout présent, détaché de toute servitude, émancipé. 

Incorrects, impertinents, sans doute, ces détournements, ces appropriations offrent une ouverture concrète et convaincante à cet «aujourd’hui de l’art» qui seul peut nous sauver du désastre et enchanter peut-être, notre vie.

* Mai 1923, The Art

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