PHOTO | CRITIQUE

Sanctuary et Spirits

27 Mar - 17 Mai 2003
PPhilippe Coubetergues
@12 Avr 2003

De grandes photographies d’animaux empaillés dans des lieux somptueux décorés de toiles de maîtres. Tableaux dans le tableau, regard de l’animal sur la culture humaine. Deux mondes incompatibles se rejoignent, se confrontent, le sauvage et le domestique, l’animal et l’humain.

Karen Knorr expose actuellement à la Galerie des Filles-du-Calvaire un ensemble de photographies en couleur de grands formats qui appartiennent à deux séries distinctes : Sanctuary et Spirits.

Les vues de la série Sanctuary ont été réalisées dans les salles de la Wallace Collection. Dans une allusion aux anciennes allégories peintes, l’artiste photographie des animaux empaillés (du moins leur inquiétante fixité le laisse-t-elle croire), parfois sauvages, parfois exotiques (oiseaux, singes, loups, etc.) dans cet environnement culturellement « chargé » et essentiellement décoré de toiles de maîtres connues dans le monde entier.

Spirits rassemble une série de vues sur le paysage réalisées en réponse à une commande passée en 2001 par une association italienne de Marcovaldo près de Caraglio. Ici encore, au cœur d’intérieurs fastueux (églises, théâtres, palais de Savigliano) se trouvent majestueusement placés des animaux qui vivent dans la région : un hibou, un faisan, etc. Les titres renvoient à la peinture religieuse des XVIe et XVIIe siècles.

Ces grandes images carrées ont donc en commun de mettre en scène des animaux figés dans un univers qui leur est étranger. Cette mise en situation a quelque chose d’étrange et de fascinant qui se reporte de photographie en photographie. Leurs poses hiératiques, leurs regards accusateurs souvent tournés vers l’objectif, l’absence de mouvement et de geste instaurent un climat inquiétant autant qu’incongru. Deux mondes incompatibles se rejoignent, se confrontent, le sauvage et le domestique, l’animal et l’humain.

Ces tirages d’excellente qualité occupent généreusement tout l’espace de la galerie, offrant une véritable variation sur le même thème. L’accumulation obsessionnelle de ces images participe également de la singulière étrangeté de ce monde entièrement imaginaire, voire fantastique, dépeint par l’artiste.
Le rapport à la peinture se fait par le biais de la reproduction des tableaux exposés dans les lieux. Ils fonctionnent comme des tableaux dans le tableau; s’opère ainsi une sorte de mise en abîme de l’image autant qu’une mise en rapport des thèmes entre eux. Ce « collage » est de l’ordre de la fable ; le regard de l’animal sur la culture humaine, que ce soit sous sa forme décorative, picturale, architecturale ou littéraire, déclenche dans l’œil du spectateur une certaine ironie, un sentiment de dérision légère et enfantine.

Karen Knorr :
Série Spirits, 2001. 100 x 100 cm. Photos couleurs.
— Annunciation
— Transmigration of the Soul
— Heaven in Earth
— Rest on the Flight into Egypt
— A Soul’s Purgatory
Série Academies, 1994 – 2001. Photos couleurs.
Série Sanctuary , 2000 – 2001. Photos couleurs.
— When will you ever learn ?. 134 x 134 cm.
— The Judgement of Paris. 113 x 113 cm.
— Where are all the Sparrows gone ?. 134 x 134 cm.
— What is human ?. 104,5 x 104,5 cm.
— In the Green Room. 139 x 144 cm.
— Bouvard and Pecuchet. 92,5 x 92,5 cm.
— Looking for Arcadia. 134 x 134 cm.
— Flaubert’s Parrot. 92,5 x 92,5 cm.
— Hight Art Life After the Deluge. 104,5 x 104,5 cm.
— A Picture for Roland. 104,5 cm x 104,5 cm.
— A Dance to the Music of time. 104,5 cm x 104,5 cm.

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