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Sam Durant

15 Mar - 27 Mai 2008

Dans ses dessins, sculptures et installations, Sam Durant investit les champs de la culture populaire, de l’histoire et de la mémoire collective pour mettre en question la société américaine. Ses nouvelles oeuvres proposent une réflexion autour de la peine de mort et de la musique.

Communiqué de presse
Sam Durant
Sam Durant

La galerie Praz-Delavallade présente la deuxième exposition personnelle de l’artiste américain Sam Durant. La question de l’engagement est au cœur de la pratique de cet artiste, aussi bien dans son interêt pour les contre-culture et les mouvements de protestation, que de son questionnement sur les aspects sociaux de l’Art .

Dans son son installation Abolition, présentée dans le premier espace de la galerie, il continue à traiter du problème de la représentation des questions politiques dans l’art. Sam Durant présente un réquisitoire contre la peine de mort à travers cette oeuvre: des modèles réduits de potences historiquement importantes, qui évoquent l’histoire de la pendaison depuis le temps des colons jusqu’à celle de Saddam Hussein. En provoquant la confrontation avec ces objets, il cherche à pointer une problématique actuelle qu’il met en perspective à travers une lecture historique.

Les disparités raciales et sociales sont au cœur de l’intérêt que l’artiste porte au sujet, et relient ce projet à des œuvres antérieures comme Altamont Raceway CA (1999) ou Upside Down : Pastoral Scene (2002) dans lesquelles ces questions étaient déjà centrales. La problématisation de la peine de mort stigmatise aussi le peu de place qu’elle occupe dans le débat public américain et plus particulièrement à l’heure de l’élection présidentielle où cette question est soigneusement évitée par les candidats. Elle révèle aussi la contradiction qui existe dans les mentalités qui sont majoritairement pour la peine de mort mais beaucoup plus divisées sur la notion de « droit à la vie » dans le débat sur l’avortement.

Comme souvent dans l’œuvre de Sam Durant, les potences sont placées sur des miroirs. Clair hommage à Robert Smithson, le miroir intéresse l’artiste pour sa forte charge symbolique. Évocateur de la réflexion – physique et intellectuelle – le miroir laisse entrevoir une mise en perspective des références menant à des possibilités d’interprétation infinie. Le spectateur est impliqué dans l’œuvre par son reflet et sa réflexion à la fois.
L’ensemble des sculptures est accompagné d’une série de dessins dans lesquels l’artiste fait un inventaire des différentes méthodes d’exécution qu’il associe à des données statistiques sur la peine capitale et l’incarcération. Ils agissent comme une sorte d’index retraçant les idées, références et associations de l’artiste pendant l’élaboration de son projet. C’est aussi par le biais du dessin que Sam Durant déplace un sujet de société dans la sphère artistique.

Dans le second espace de la galerie, l’artiste a choisi de présenter une installation plus ancienne (2000), qui révèle une stratégie artistique consistant à établir des connections entre différents domaines de références.
Cette installation est issue d’un projet antérieur de 1999 Proposal for Monument in Friendship Park, Jacksonville, Florida. Ce projet consistait en une proposition théorique de monument pour le Southern rock (rock sudiste) genre musical né dans ce parc à Jacksonville en Floride.
Au cours de ses recherches Sam Durant a commencé à voir des connections avec le travail de l’artiste américano-japonais Noguchi. Il s’est intéressé en particulier à ses parcs et jardins qui mixent des éléments urbains comme le béton avec des éléments issus du jardin traditionnel japonais. Dans ses écrits Noguchi parle des pierres dans le jardin traditionnel comme des protubérances connectées entre elles par la “masse primordiale”. «J’ai trouvé cette idée très intéressante car dans mon projet j’imaginais tous les éléments reliés entre eux par la musique». Dans son travail où s’entrecroisent et se connectent de multiples références, le rock, musique populaire qui relie les masses apparaît comme le lien entre les différents éléments, les pierres (rocks en anglais).

Southern Rock Garden Beginning- less / Endless reprend le positionnement des pierres du temple Ryoanji de Kyoto, établi selon la forme du symbole de l’ infini. L’installation consiste en quatre groupements de pierres en fibre de verre avec au centre une poubelle qui constitue l’élément vertical et introduit la notion d’espace public. Chacun des groupes contient un haut-parleur qui diffuse une bande-son à cinq pistes spécialement conçue par Takeshi Kagami. Chaque piste est diffusée simultanément mais de façon différée en reprenant la forme de l’infini dans un sens puis dans l’autre.
La bande-son combine des sons de clochettes de temple, associable à la culture japonaise, et des éléments de Southern rock, des moments de silence et d’harmonie douce ainsi que de périodes de chaos et de dissonances. Takeshi Kagami s’est basé autant sur la forme symbolique du jardin de Ryoanji que sur ce que Durant considère être la “masse primordiale” du Southern rock: les interminables improvisations de guitares où les différents musiciens fusionnent dans une sorte d’extase commune.

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