ÉCHOS
28 Fév 2012

Salon du livre: Auteurs sans actualité, sortez la monnaie!

PJulie Aminthe
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Le 32ème Salon du livre, qui se tiendra du 16 au 19 mars 2012 à Paris, n’a pas encore commencé qu’une polémique fait rage entre les auteurs invités et le commissaire général Bertrand Morisset. Le déclencheur de cette querelle? Une lettre spécifiant qu’à partir de cette année, s’ils souhaitent être accrédités au Salon du livre, les auteurs n’ayant pas d’actualité, et donc pas de dédicace, devront payer. 

Beaucoup de bruit pour rien… La célèbre pièce de Shakespeare pourrait prêter son titre à la controverse qui agite le prochain Salon du livre.
Le responsable de ce triste malentendu?
Bertrand Morisset, lequel se rappellera longtemps l’adage suivant: choisis scrupuleusement tes mots si tu veux être compris.
Retour sur le pourquoi du comment…

A l’origine, le commissaire général souhaitait, tel un preux chevalier, lutter contre les revendeurs à la sauvette et les gangs mafieux qui pullulent à l’entrée du Salon.
Un brin paranoïaque Bertrand Morisset? Là n’est pas le sujet.
A ses yeux, le Salon du livre est victime de la contrebande, comme «le Stade de France ou le concert des Enfoirés». Il se doit donc d’ «éradiquer» les voleurs à la place des policiers qui, ne se trouvant pas aux abords du Salon, laissent le chevalier Morisset s’en charger.

Sa cible, il le répète, ce ne sont pas les auteurs.
C’est pourtant à eux qu’il a transmis un courrier dans lequel il explique, avec des termes aussi discutables que celui d’ «actualité», que seuls désormais les auteurs munis d’une lettre d’un éditeur ou membres d’une société professionnelle seront admis gratuitement.

Pour compenser les pertes financières causées par le piratage, Bertrand Morisset s’en prend, quoiqu’il en dise, aux porte-monnaies des auteurs qui ne peuvent plus, selon lui, prétendre au statut de professionnels de l’écriture s’ils n’ont rien à vendre du 16 au 19 mars 2012.
Il n’y a pas de petit profit…

La question de savoir si les auteurs — tous les auteurs, «actuels» et «inactuels» — doivent ou non participer au financement du Salon du livre, soutenus bien entendu par leur éditeur — quand ils en ont un, est une question qui peut se poser. Mais l’argumentaire défendu par Bertrand Morisset «ghettoïse» et empêche le monde de la littérature de débattre ensemble sereinement.

Enfin, quand le commissaire du Salon du livre laisse entendre qu’une personne n’ayant rien publié depuis 20 ans n’appartient plus à la catégorie des auteurs, comment ne pas penser à Arthur Rimbaud, qui n’était donc plus, si on suit cette logique, une fois passée la vingtaine, le plus grand poète du 20ème siècle.
— «Pardon M. Rimbaud mais pour vous cela fera 9,50 euros.»

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