ART | EXPO

Le Salon de la mort II

13 Fév - 14 Mar 2021
Vernissage le 13 Fév 2021

De grandes questions, pour un petit espace. C'est dans le cadre de l'intimiste galerie The Bridge by Christian Berst, la nouvelle galerie de Christian Berst dédiée au dialogue de l'art brut avec les autres formes d'art, que le commissaire d'exposition Laurent Quénéhen présente son deuxième "Salon de la mort".

La mort fait aujourd’hui l’actualité. Longtemps cachée, confinée dans nos Ehpad, presque oubliée, elle se rappelle à nous. Ce sont 44 artistes contemporains qui l’invitent cet hiver dans le Marais, à la manière dont les Anciens Romains invitaient un squelette à table.

Salon de la mort: le cabinet de curiosités de Thanatos

Inaugurée en octobre 2020, la galerie The bridge, petit espace de 40m² face à la galerie Christian Berst, se veut un lieu de dialogue entre l’art brut et d’autres formes d’art. Sept fois par an, des commissaires indépendants y ajoutent leur touche. Laurent Quénéhen a choisi de convoquer la mort, précisément parce qu’on ne peut pas en parler : c’est un sujet qui échappe à la raison.

Pulsions de mort, communications avec les esprits, messages de l’au-delà, non-dits et intuitions… le mystère qui entoure la mort a toujours été, des grottes préhistoriques jusqu’à nos peintres contemporains, un moteur de l’expression, et les artistes des passeurs entre le connu et l’inconnu. C’est évidemment un thème de prédilection de l’art brut : l’art du retour au geste créateur, loin des codes et des objets du monde de l’art.

Salon de la mort: la mort, deux écoles

Musset traçait déjà deux voies pour les artistes : ceux qui montrent le squelette, et laissent à deviner l’enveloppe qui l’a recouvert ; et ceux qui peignent la robe, en laissant imaginer quels ressorts secrets la mettent en mouvement.

On peut ainsi voir deux écoles, dans le Salon de la Mort II : les artistes qui représentent un événement, une situation mortifère, la mort de l’extérieur ; et ceux qui la font surgir du sujet, qui en dévoilent le pourrissement secret, la mort de l’intérieur.

Pour Ingrid Maillard ou Cornélia Eichhorn, par exemple, la mort est un déchirement intérieur, une rupture biologique, dramatisée par les forts contrastes du graphite sur papier. Dans la même veine, Maike Freess dessine, dans un délicat entrelacs de papiers découpés et de cuivre, le feu qui couve sous la cendre d’un visage. Pour Émilie Chaix ou Yuichiro Ukaï, c’est au contraire un squelette richement orné et coloré, prêt pour la danse macabre, que Vincent Corpet imagine entre un squelette et un sympathique extraterrestre. Encore et toujours, la mort reste à la fois intérieure et extérieure, appel et pourrissement.

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