DANSE | SPECTACLE

Extradanse | Du désir d’horizons

05 Avr - 06 Avr 2018

L'horizon, c'est ce vers quoi chacun tend. Avec Du désir d'horizons, le chorégraphe Salia Sanou plonge dans l'immédiat des camps de réfugiés, pour en extraire du présent et de l'avenir. Une trajectoire entre exil ('venir de') et espoir ('de-venir'), par le biais de la danse contemporaine.

Certaines situations surviennent avec les traits du temporaire, pour mieux masquer leur caractère pérenne. Avec le spectacle de danse contemporaine Du désir d’horizons, le chorégraphe burkinabé Salia Sanou réinvente la ligne de fuite. Pièce chorégraphique pour huit danseurs, Du désir d’horizons injecte de la poésie dans un contexte prosaïque : celui des camps de réfugiés. Fuyant des situations bloquées (guerres, conflits, catastrophes naturelles, écologiques, industrielles…), les réfugiés font temporairement escale dans des camps. En attendant. Et dans cette zone d’attente indéterminée, la vie se poursuit. En tant qu’artiste, Salia Sanou a animé des ateliers de danse dans des camps du Burundi et du Burkina Faso (projet « Refugees on the move »). Sans velléités documentaires, Du désir d’horizons porte ainsi la danse contemporaine au rang de trajectoire. Entre solitude individuelle et altérité collective, dans l’exil, la pièce de Salia Sanou génère du devenir.

Du désir d’horizons de Salia Sanou : l’exil, de Samuel Beckett à Nancy Huston

Comment définir l’horizon ? Pour Salia Sanou, « L’horizon c’est le futur, c’est l’espoir, dès lors je m’autorise à rêver un monde meilleur sans en gommer la cruauté et l’absurdité.  » De Samuel Beckett (Cap au pire) à Nancy Huston (Limbes / Limbo), Du désirs d’horizons s’empare ainsi du vide pour le peupler de mots, de gestes et résonances. Sur une musique du compositeur Amine Bouhafa, la pièce déroule alors des sonorités ondulant entre solitude mélancolique et chaleur humaine retrouvée. Des notes de piano en pluie éparse, des mélopée de violons, des musiques aux accents grecs, aux accents slaves… La danse de Salia Sanou recompose ainsi du vivre-ensemble. Sur scène, des lits de camp ayant exactement la taille d’un être humain adulte, ni plus ni moins, ponctuent l’espace. Dans lequel gravitent les danseurs — Valentine Carette, Ousséni Dabaré, Catherine Denecy, Jérôme Kaboré, Elithia Rabenjamina, Mickael Nana, Marius Sawadogo Asha Imani Thomas.

Les mots et la danse contemporaine pour créer des trajectoires et de l’existence

Du désir d’horizons n’est pas un documentaire chorégraphique sur les camps de réfugiés en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Mais le travail de Salia Sanou (Cie Mouvements Perpétuels) est lié à cette réalité. Sa pratique chorégraphique est une poétique de la création d’horizons. C’est d’ailleurs dans des camps que Salia Sanou a rencontré certains des danseurs du spectacle. Pour une pièce articulée autour de l’exil. Comme autant de blessures et portes, plus ou moins fermées, qui ne sont étrangères à personne. « Interroger la dimension d’exil intérieur que chacun porte en soi, comme une parcelle inaltérable de force, de lutte et de désir. Danser pour oublier, pour espérer, pour exister. » Sur scène, les danseurs alternent ainsi moments de solitude et d’unisson. Spectacle habité,  Du désir d’horizons tire une flèche, de la mélancolie à la joie. Contre la fatigue de vivre : l’énergie de la danse crée l’espoir.

Itinéraire du spectacle :
– Pôle-Sud, CDCN Strasbourg, dans le cadre du festival Extradanse, les 5 et 6 avril 2018.
– L’Onde Théâtre – Centre d’art (Vélizy-Villacoublay), le 13 mars 2018.

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