DANSE | SPECTACLE

Sakınan göze çöp batar

13 Fév - 13 Fév 2020
Vernissage le 13 Fév 2020

Le proverbe turc « Sakınan göze çöp batar » signifie littéralement « c’est l’œil que tu protèges qui sera transpercé » et figurativement « trop de prudence invite la malchance ». Le chorégraphe Christian Rizzo invite à l’audace et au voyage dans le solo Sakınan göze çöp batar, conçu pour le danseur turc Kerem Gelebek.

Au cours de sa carrière, le chorégraphe Christian Rizzo a créé plusieurs solos sur mesure destinés à être interprétés par un danseur en particulier. Ce fut le cas de b.c, janvier 1545, fontainebleau (2007) pour Julia Guibert et de Skull cult (2005) pour Rachid Ouramdane. Le solo Sakınan göze çöp batar (2012) a, quant à lui, été conçu pour le danseur turc Kerem Gelebek.

Sakınan göze çöp batar : un voyage vers la maturité

Avec ses chaussures de marche, son bonnet et son sac à dos, le danseur Kerem Gelebek arrive sur scène comme s’il revenait d’un long voyage. Ou bien comme s’il était sur le point d’en entamer un autre. Le voilà, en effet, qui entrepose sur le sol du plateau les lettres H. E. R. E : here, ici. Il laisse entendre qu’il reste à ajouter un T : there, là-bas. Petit à petit, l’interprète se déchausse et ôte ses habits d’arpenteur. Le voyage qu’il entreprend diffère du précédent.

Il s’agit cette fois-ci d’un cheminement intérieur vers la maturité, de la transformation d’un adolescent en homme. Ce processus passe curieusement par un apprentissage de la sédentarité. Le décor vide sur lequel était arrivé le danseur se remplit au fur et à mesure du spectacle d’objets divers et variés, qui rappellent l’intérieur d’un appartement. Le jeune homme s’accomplit alors en assumant la responsabilité d’un espace et tout particulièrement d’une plante verte.

Sakınan göze çöp batar : poème sur l’exil et la solitude

L’appropriation de ce plateau vide renvoie à la difficulté de faire sien et de se sentir chez soi dans un espace étranger. Sakinan Göze çöp batar traite en effet d’éloignement et d’exil. Christian Rizzo puise, tant à petite échelle, dans sa propre expérience de déménagement de Paris vers Lille, qu’à une échelle plus conséquente, dans celle de Gerem Belek, qui a quitté la Turquie pour venir danser en France puis en Allemagne. Ce déracinement rime avec solitude et mélancolie. Outre le déplacement géographique, quitter ce que Christian Rizzo appelle « un territoire de l’intime » pour « partir à l’aventure » implique un déplacement de sa propre identité. Par conséquent, une prise en maturité.

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