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Romain Gibert. La nuit américaine

08 Jan - 02 Fév 2008
Vernissage le 11 Jan 2008

La « nuit américaine » propose un regard intimiste sur l’idée de communauté. Troublé par son escapade russe et sa réflexion afférente sur le phénomène de "nomadisme culturel", un Parisien de nature bonhomme médite sur les pratiques touristiques et décoratives de ses contemporains.

Communiqué de presse
Romain Gibert présente deux pièces récentes à l’occasion de sa première exposition personnelle à la Galerie Plume, « La nuit américaine ». Il propose en vis-à-vis une série de photographies réalisées dans le cadre de la Biennale de Shiryaevo (Russie) à laquelle il a participé en août 2007 ainsi qu’une installation qui occupe le sol de la galerie, Les autres.

Shiryaevo
Lors d’une résidence dans un village reculé de la région de Samara, Romain Gibert a photographié les sites et les motifs qu’il trouvait les plus séduisants – des paysages, des animaux, des autochtones, leurs maisons, leurs voitures… Chaque photographie conforte l’image répandue chez nous de la province russe : le charme de la désolation post-soviétique.
Un détail étrange perturbe toutefois ces compositions : on repère rapidement en chacune la présence d’une chose et de son double. C’est une construction humaine accidentée (datchas marquées par le temps, Lada décrépies, tasse fêlée, morceau de papier peint qui se décolle) ou un être animé.
L’apparition simultanée d’éléments identiques au sein d’une même image est un topos des ruses photographiques ou filmiques. C’est tantôt le reflet d’une angoisse (la perte de l’identité), tantôt un simulacre rassurant (la recherche d’un alter ego).
Dans l’univers russe de Romain Gibert, ces semblables accompagnent leurs semblables, ils leur paraissent familiers. Lorsqu’il s’agit d’éléments inanimés, industriels, leur usure permet d’identifier leur singularité. Les sujets humains n’ont pas la perfection canonique des androïdes clonés dans les films de science-fiction. Ce sont des Russes. L’autre, selon ce cliché, est hospitalier et chaleureux. Une fois double, il provoque un sentiment d’ « inquiétante étrangeté ».

Les autres

Une quinzaine de statuettes africaines passées au blanc se sont regroupées pour admirer le couchant.
L’hétérogénéité de leurs factures nous alerte ; le profane de la statuaire africaine ne saura pourtant pas identifier leurs origines au-delà de leur appartenance à ce vaste continent. Provenant de différentes régions d’Afrique, ces statuettes ont été normalisées. Enrobées de laque brillante, elles semblent faites de la même porcelaine. La source lumineuse qui les attire est constituée de néons alignés à l’horizontale qui décomposent les différentes nuances d’un coucher de soleil. Ce système fait écho au principe cinématographique de la « nuit américaine » tombé en désuétude, qui consiste à obscurcir avec des filtres la lumière du jour. Le spectateur adopte la convention qui associe cette obscurité bleutée à une scène nocturne. Dans l’installation de Romain Gibert et Marlène Perronet, les dégradés des néons teintent les statuettes de reflets rougeoyants.
À nouveau dans cette pièce, le point de départ est une vision exotique de l’ « autre » : comme il photographie en touriste occidental les Russes dans leurs datchas en bois, Romain Gibert a acquis aux puces de Clignancourt et dans son quartier de résidence parisien, Château-Rouge, ces statuettes africaines qui fascinent le public occidental par leur fonction fantasmée ou non (sont-elles vaudou ?). Ces statuettes, leitmotiv de la « déco ethnique », s’assimilent ici à leurs cousins blancs, les nains de jardin. Elles sont mises en situation autour d’un foyer, comme un modèle réduit et dérisoire de l’armée de terre cuite de Lintong veillant sur l’immortalité de Qin Shi Huangdi, premier empereur de Chine. Tournées vers des néons dont elles absorbent les teintes pseudo crépusculaires, ne font-elles pas écho à l’allégorie de la caverne ? Les autres ne sont-ils pas attirés par un leurre ?

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