LIVRES

Rococo & Co

20 étudiants des Beaux-Arts revisitent le Rococo, style artistique décoratif et ornemental par excellence, sous le commissariat avisé de Jean-Michel Alberola. Des travaux qui usent — voire abusent — de ces excès ou s’en détachent radicalement. La touche de dérision n’est jamais bien loin !

— Éditeur : École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris
— Année : 2003
— Format : 16,50x 22,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 53
— Langue : français
— ISBN : 2-840-56-138-7
— Prix : 12 €

Préface
par Henry-Claude Cousseau (extrait, p. 3)

Cette exposition semblera certainement incongrue à plus d’un. Peut-on véritablement réinterpréter plastiquement aujourd’hui ce moment si spécifique de l’histoire de l’art, irritant jusque dans sa perfection, et qu’une approche invariablement faussée, voire fantasmée, situe encore trop simplement aux antipodes de nos préoccupations ? Comment aborder un art d’où toute notion conceptuelle, intellectuelle, semble (en apparence) écartée, brillant de sa parfaite gratuité, dont la « facticité » même paraît être la fin, où l’élégance le dispute aux fantaisies de l’imagination, la liberté aux grâces enivrantes de l’artifice, la maîtrise des effets aux vertiges de la virtuosité ? Que signifie maintenant un tel art de dire, de montrer, au travers de formes, de tournures ornementales, toutes plus déliées, débridées, les unes que les autres, savantes et naï;ves tout à la fois ?

Soit; mais sous leurs airs ludiques et (faussement ?) décoratifs, ces formes, ce discours, ou plutôt ce langage, sont attachés à rendre compte de quelque chose de plus profond, soustrait au regard distrait, à exprimer la fluidité, l’imprévisibilité de l’imagination, l’énergie qui sourd partout dans le spectacle de la nature, les pulsions qui en irriguant celle-ci lui imposent et sa vitalité et ses apparences. On ne saurait se montrer aujourd’hui indifférent à une telle vision! On en jugera à considérer les travaux réunis ici qui parlent de la même fantaisie, de la même liberté, et qui transparaissent dans le ton d’impertinence enjouée du titre donné à cette manifestation.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de l’Ensba)