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Robert Rauschenberg. La rumeur du monde

Le critique d’art Daniel Klébaner révèle dans un texte d’une grande poésie la richesse des derniers cycles de l’artiste américain Robert Rauschenberg, «superposition d’images issues de la rumeur du monde».

Information

Présentation
Daniel Klébaner
Robert Rauschenberg. La rumeur du monde

Les œuvres du dernier Rauschenberg, prémonitoires ou prophétiques, semblent préfigurer quelque découverte des neurosciences, tout en la plaçant sur fond de condition humaine. Elles nous rappellent et nous révèlent que l’être humain est affilié à la texture dont il est fait, à la fibre réceptive et à la complexion constituée des images du souvenir, de la trace mnésique toujours tendant vers le souvenir ultime. Émerveillés nous sommes, formés de matière éblouie tissée dans la matrice et treillissée d’entr’aperçu. Ce n’est qu’en second lieu que la lumière du jour nous éblouit, lorsque nous naissons.

Le regard de l’auteur sur les œuvres du dernier Rauschenberg — parmi les séries Synapsys Shuffle, Arcadian Retreats, Anagram, Waterworks — contemple ainsi la juxtaposition et la superposition d’images issues de la rumeur du monde. Procédant par «lateral thinking», cet essai à la fois rêveur et érudit rencontre chemin faisant la phénoménologie de Husserl, des écrivains et des artistes de la Renaissance française — Ronsard, Budé, Abraham Bosse, Palissy —, les œuvres rocailles du XVIIIe siècle, l’art primitif de la côte Pacifique Nord de l’Amérique, le critique d’art américain Leo Steinberg et le dadaïste allemand Kurt Schwitters.

Daniel Klébaner est critique d’art.