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Rien à branler des chiens

Joyeusement foutraque, à l’image du travail de l’artiste — et d’ailleurs conçu en partie par lui —, ce catalogue se moque des conventions et des bien-pensants. Avec une bonne dose de provocation et beaucoup de degrés dans l’humour, ces pages ouvrent les portes du « bordel » artistique d’Arnaud Labelle-Rojoux !

— Éditeurs : Frac Aquitaine, Bordeaux / Paris : galerie Loevenbruck / Lavardac, Communauté de communes du val d’Albret
— Année : 2003
— Format : 24 x 17 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 128
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-905539-37-2
— Prix : 24 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à la galerie Loevenbruck

Mondo Cane
par Arnaud Labelle-Rojoux

Le chien ressemble à l’idée que l’homme se fait de lui-même.
Il se croit libre, il est, l’œil luisant, l’oreille en berne, la soumission au premier maître venu. Souffrant, voilà l’animal haineux, lippe baveuse, tous crocs dehors.

Le mot chien dit la dureté de l’existence.
Pas celle des chiens, celle des hommes.
Le malheur se nomme chien, et le mépris aussi.

Régalé de pâté, garanti de gîte, il se métamorphose volontiers en cerbère imbécile, tous crocs dehors toujours, défendant cette fois ce qu’il croit être le bonheur terrestre. (La niche est la parfaite métaphore de l’humanité sécurisée). Il est aussi, moins rustique alors et gentiment frisotté, la queue frétillante, le toutou docile, caressable dans le doux sens du poil, respirant l’aveugle confiance en la bonté humaine. C’est l’indispensable compagnon des bons et des mauvais jours…

Non, le chien ne m’intéresse pas. Vraiment pas. Même pour en ricaner. Le chien en tant que chien, s’entend. C’est un matériau, voilà tout, pas un thème.

Mondo Cane alors ?
C’est le titre d’un film datant de 1961, film scandaleux du réalisateur italien Gualtiero Jacopetti qui comprenait une reconstitution des Anthropométries de l’époque bleue de Yves Klein lui-même dirigeant la Symphonie Monoton. Assistant à sa projection lors du festival de Cannes 1962 et découvrant cramponné à son fauteuil ce que le réalisateur avait fait de son action certes très spectacularisée, il est victime d’une première attaque cardiaque dont il ne se remettra jamais. Il mourra deux mois plus tard.

Le thème musical de Mondo Cane, arrangé par Quincy Jones et interprété par Frank Sinatra est l’inoubliable chanson More

(Texte publié avec l’aimable autorisation d’Arnaud Labelle-Rojoux et des éditions du Frac Aquitaine)