ART | PERFORMANCE

Riding on a Cloud

06 Oct - 11 Oct 2014
Vernissage le 06 Oct 2014

Mobilisant histoire personnelle et fragments d’Histoire, la performance théâtrale de Rabih Mroué livre une vision poétique et politique du processus de mémoire, qu’elle soit personnelle et collective. Empruntant son titre au recueil de son frère, Yasser, le performeur fait défiler un continuum d’images qui résonne comme une autobiographie intime et universelle, dont le mouvement, contrarié par des arrêts sur images, tente de coller au plus près avec les fluctuations de la perception.

Rabih Mroué
Riding on a Cloud

Les images: l’une apparaît, l’autre disparaît. La plupart du temps, l’homme ne comprend pas le lien entre une image et la suivante. Il a besoin que quelqu’un lui parle et mette l’image en mouvement. Quand les souvenirs sont figés comme des images arrêtées, comment la mémoire peut-elle fonctionner ?

Le titre de cette émouvante et autobiographique pièce «familiale» est empruntée à un recueil de Yasser Mroué, le frère de Rabih. Yasser y parle des événements qui ont transformé, bien malgré lui, sa vie et ses rêves. Rabih, quant à lui, tente de déconstruire une série de récits relatifs à la guerre afin de montrer combien les perceptions collectives et les discours établis nous leurrent et se leurrent eux-mêmes.

Rabih Mroué est un artiste des frontières. Le théâtre est son lieu, autant que la performance, les installations, la vidéo et l’univers des images. S’il se tient à la croisée des genres, s’il propose une forme de théâtre élargi, c’est sans doute qu’il ne croit pas que les choses soient si violemment séparées: dans son monde, la fiction et la réalité se confondent, les souvenirs deviennent vivants, les images sont parfois plus vraies que la vérité. Dans son monde, le passé n’est pas mort, il n’est même pas passé. En 1990, la guerre civile libanaise s’achevait officiellement. Rabih Mroué avait 23 ans. En 1991, une loi d’amnistie générale effaçait tous les crimes passés. Sans doute, cette loi était-elle nécessaire, mais on comprend que cette incitation nationale à oublier puisse donner, au contraire, furieusement envie de se souvenir. L’œuvre de Rabih Mroué interroge avec constance quelle mémoire est possible, de quels outils nous disposons aujourd’hui pour la (re)constituer — d’où son goût des images et des technologies de l’enregistrement. Surtout Rabih Mroué, comme d’autres artistes de sa génération, se demande quel usage politique les artistes libanais peuvent faire de cette mémoire qu’ils créent ou recréent.

Texte et mise en scène: Rabih Mroué
Assistants mise en scène: Sarmad Louis, Petra Serhal
Avec: Yasser Mroué
Traduction: Ziad Nawfal

Dans le cadre du «Focus Rabih Mroué», et avec le Festival d’Automne à Paris

Informations
Les lundi 06, mardi 07, vendredi 10 et samedi 11 octobre à 20h
Le jeudi 09 octobre à 19h

Spectacle en arabe et anglais surtitré en français. Durée: 1h

Autour du spectacle
Le jeudi 09 octobre, à l’issue de la représentation: rencontre avec l’équipe de Riding on a cloud
Le samedi 11 octobre à 17h au Collège Franco-Britannique, salle des chercheurs: «Art engagé: quelle place pour le spectateur ?», conversation du spectateur, animée par Perin Emel Yavuz, Édith Magnan, Bruno Trentini, en présence de Rabih Mroué, Sima Khatami et Stéfane Perraud.

Rabih Mroué présentera également Trilogy (Pixelated révolution, The Inhabitants of Images, On Three Posters) du 14 au 18 octobre 2014 au Théâtre de la Bastille.

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