ART | EXPO

Rhétorique des marées 02

18 Mar - 22 Mai 2016
Vernissage le 18 Mar 2016

Ariane Michel invite des artistes à créer et performer sur un littoral sauvage du Finistère. Mais le véritable objet de cette exposition c’est sa démarche à elle, qui consiste à filmer l’artiste à l’ouvrage, dans cet écosystème aux échelles surprenantes, peuplé d’étonnants acteurs. La «Rhétorique des marées» est un projet d’Ariane Michel qui questionne la place du geste artistique au regard des échelles et des mouvements de la nature.

Sur la côte sauvage d’Esquibien, en Finistère, Ariane Michel a invité vingt-et-un artistes à réaliser des oeuvres sur l’estran, cette partie du littoral située entre les limites des plus hautes et des plus basses marées, à la frontière de l’océan et de la terre.

Cette exposition littorale, soumise aux éléments, lui sert ici de matière première : aux marges de cet événement public, en cinéaste et dans un souci presque scientifique, elle a filmé les moments de présence et d’activité des artistes dans le paysage, depuis leur premier passage sur les lieux jusqu’à l’achèvement de leurs pièces. Elle a ensuite continué à enregistrer les transformations successives de l’exposition.

À La Criée, elle présente une installation vidéo qui condense l’événement et ses multiples temporalités. Celles des artistes : leurs corps, leurs gestes et leurs respirations. Celles des Å“uvres : performances fugaces, Å“uvres fragiles vite emportées ou constructions plus résistantes. Mais aussi celles de tout ce qui existait là, autour, sous d’autres repères spatio-temporels que les nôtres : le granit, les crabes, les lichens, la houle, etc., toute une multitude de veilleurs qui chargeaient l’endroit de leurs échelles respectives. Elle joue en effet sur la concurrence dimensionnelle entre les différents acteurs organiques qui ont peuplé cet écosystème: l’humain paraissant parfois insignifiant à côté d’un insecte qui semble lui-même minuscule en comparaison d’un galet – qui n’en mène pas large sous l’éclaboussure tranchante des vagues.

Comme elle aime à le faire, Ariane Michel a filmé avec le souci d’adopter le point de vue de tous ces protagonistes. À hauteur de patelle ou de bigorneau, dans la durée de vie d’une feuille de genêt, selon l’inquiétude des aigrettes ou l’indifférence du minéral, elle choisit ici de révéler et de renforcer les vertiges éprouvés par la mise en présence de tous ces êtres avec des gestes d’artistes. Ce faisant, elle emmène le visiteur dans un voyage intuitif et sensoriel, au travers duquel, changeant de point de vue, ce dernier peut aussi changer de paradigme, voire de peau.

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