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Reversing the Direction of Hope

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Victor Boullet, d’origine norvégienne, présente dans l’exposition Reversing The Direction of Hope des images d’absences. Tandis que l’Américain Nate Harrison propose, dans Can I Get An Amen?, des installations sonores et des vidéos où il interroge la notion de copyright

L’intitulé de l’exposition de Victor Boullet, Reversing The Direction of Hope (Inversant la direction de l’espoir), évoque le sentiment d’amertume qui se dégage des œuvres de l’artiste. Jouant à la fois sur l’absence d’image, et la mise en évidence du détail, la série des Pixels (2007), photographies numériques sur aluminium, montre un pixel d’image numérique, carré minuscule agrandi à l’infini jusqu’à mesurer quatre-vingt centimètres de côté.

Issus d’images connues (Pixel 02. Joseph Stalin, Pixel 03. Edvard Munch), ces pixels forment une sorte de kaléidoscope réducteur de la réalité. Dans un processus différent, dans Hitler.jpg, sorte de bâche de 2,70 mètres de long, l’image insoutenable du Führer est réduite à sa codification numérique, et ainsi rendue dérisoire.

Dans une autre série de photographies, notamment des autoportraits (Self Portrait of A Working Man Missing A Million Pixels, 2007), un carré blanc troue l’image. L’identité de l’individu et son appréhension sont ainsi perturbées, comme dans la technique audiovisuelle du carré blanc, rendant l’individu à l’anonymat. Dans Japanese Lilies (2007), la partie découpée de l’image réduit littéralement celle-ci à la fonction de cadre décoratif.

Plus intéressante est la série de photographies obtenues grâce à un montage de détails même de l’image, oblitérant les visages, et donc l’identité des personnages. Le savant m.DSC06762 et n.DSC00803 (2007) montrent des enfants nus, dont les visages ont été effacés par un copier-coller de détails : sujet aujourd’hui tabou, le corps de l’enfant est rendu à son universalité, et par là à son innocence, par l’absence de visages.

L’artiste américain Nate Harrison travaille également, d’une certaine manière, sur la notion d’identité, puisque ses œuvres évoquent amplement le thème de la propriété intellectuelle. Can I Get An Amen ? (2004) est une installation sonore avec un tourne-disque déroulant un rythme de batterie très connu, le «Amen Break» et réutilisé de multiples fois dans la musique depuis quarante ans, jusqu’au hip hop.
Le documentaire Bassline Baseline (2005) évoque également la problématique du copyright et de la réutilisation d’un élément pourtant daté, une table de mixage Roland, devenue objet mythique.
Les œuvres se retrouvent ainsi sans auteurs, comme le sont les vidéos de l’Artbeats Software Inc., fournisseur de clips libres de droits (Stock Exchange, 2006). Nate Harrison pose ainsi la question de la disparition de l’auteur, et par conséquent, de la possible disparition de l’artiste.

Nate Harrison
— Can I Get An Amen ?, 2004. Installation.

Victor Boullet
— Corinthian Pilar, 2007. C-type High Gloss mounted on aluminium. 36 x 48 cm
— Self Portrait of a Working Man Missing a Million Pixels II., 2007. C-type High Gloss mounted on aluminium.
27 x 35cm
— Japanese lilies, 2007. C-type High Gloss mounted on aluminium. 36 x 48 cm
— m, 2007. C-type mounted on aluminium. 101 x 133cm
— Pixel 02. C-type mounted on aluminium. 80 x 60 cm
— Hitler, 2007. C-type High Gloss. 127 x 270cm

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