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Réserve humaine

06 Mai - 15 Juil 2010
Vernissage le 06 Mai 2010

L'œuvre d'Isabelle Kraiser se situe entre la grande histoire de peuples mis «en réserve» et les histoires du quotidien de femmes et d’hommes des premières nations d’Amérique du Nord.

Communiqué de presse
Isabelle Kraiser
Réserve humaine

Entre mémoire collective, mémoire intime et devenir, Isabelle Kraiser part sur le territoire des Pekuakamiulnuatsh (première nation du Lac Saint-Jean) à la rencontre de ceux qui construisent leur vie et cheminent pour la reconnaissance de leur identité, de leur terre et de leurs droits.

« Réserve Humaine » est un projet de résidence artistique au cœur du peuple Ilnu, un témoignage qui révèle un parcours initiatique, un point de vue sur la culture, les rituels, les pratiques autochtones bien loin du folklore et des clichés.

«Je vois un grand lac gelé, je vois un mur peint de montagnes, je vois un tambour avec trois trous entre les mains de Kukum Germaine, je vois les trois nations autochtones du Québec Ilnue, Atikamek et Crie, je vois le Régalia de Diane où est inscrit sa vie, je vois G-Rock trapper au fond du bois, je vois Jean-René dans sa voiture qui me dit que sa fille s’est tuée à l’âge de 15 ans, je vois les larmes de Sonia qui parle d’un jeune homme sauvé par la Sun Dance.

Je vois l’outarde que l’on donne pour remercier, je vois le sourire de Thérèse qui me prépare un gâteau aux bleuets, je vois Carmen Guill avec son petit chapeau sur la tête qui prononce des mots de réconciliation et de paix, je vois le cimetière anglican avec ses croix de bois blanches et bleues arrâchées, je vois une succession de maisons pimpantes et lisses qui cachent bien des drames, je vois des femmes prier sous le clair de lune.

Je vois les saisons gravées sur les tipis de granit le long de la rue Ouiatchouan, je vois Richard évoquer les pierres brûlantes qui lui parlent au nom des grand-pères et des grand-mères, je vois Edouard qui me donne un poème, je vois Marie-Eve qui travaille tant pour les amis de l’école Amishk -Castor, je vois Dominique épuisée de porter son fils schizophrène à bout de bras parce que son père lui a brisé la vie en se tirant une balle de fusil dans la bouche devant ses yeux.

Je vois Rachel gravir la montagne pour aller chercher les bleuets en été, je vois le tabac dans le feu, je vois le pâté d’Orignal scintillant sur une tranche de banique, je vois le ciel immense et bleu dans l’air froid, je vois les ravages de l’alcool, je vois des livres qui racontent l’histoire des montagnais, je vois l’ancien pensionnat terne devenu aujourd’hui l’école secondaire, je vois une grande plume d’aigle, je vois les cachets de drogue passer de main en main.

Je vois le train qui passe dans des crissements assourdissant de ferraille avec sa cloche misérable, je vois les traces des anciens qui s’enfonçaient des mois durant au fond du territoire, je vois les tentes prospecteurs aux tapis de branches de sapin, je vois les hommes qui accrochent leur propre peau au mat du sacrifice, je vois l’enfer de la colonisation, je vois le monument à la vierge avec les enfants à genoux.

Je vois les femmes qui caressent la terre de leur danse, je vois le partage, je vois le grand et noble tambour du pow wow qui voyage, je vois les hommes appartenant à leur terre, je vois le respect, je vois l’amour, je vois le chemin rouge, je vois l’espoir aussi … » (Isabelle Kraiser)

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