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Réécrire l’histoire de l’art: fictions et narrations (post)féministes

30 Mar - 30 Mar 2013
Vernissage le 30 Mar 2013

Écrire une histoire féministe de l’art ne revient pas simplement à réintégrer des artistes femmes au canon. On peut postuler que produire un féminisme revient également à une modification épistémologique de la discipline «histoire de l’art», et plus particulièrement de ses mises en récit et de ses formes narratives.

Carola Dertnig, Fabienne Dumont, Jules Falquet, Hélène Fleckinger, Laura Iamurri, Giovanna Zapperi
Réécrire l’histoire de l’art: fictions et narrations (post)féministes

Dans Differencing the Canon (1999), l’historienne de l’art Griselda Pollock, indiquait, qu’écrire une histoire féministe de l’art, ne revenait pas simplement à réintégrer des artistes femmes au canon.

On peut postuler que produire un féminisme, et pourrait-on dire, une queerisation de l’histoire de l’art, revient également à une modification épistémologique de la discipline «histoire de l’art», et plus particulièrement de ses mises en récit et ses formes narratives. C’est par l’invention ou le déploiement de nouvelles technologies d’écriture, telles que le recours à la fictionnalisation d’archives et aux métafictions historiographiques (Carola Dertnig, Cheryl Dunye ou Roee Rosen), au montage non-linéaire (Renée Green, Carla Lonzi), au reenactment (Faith Wilding)) que les artistes, écrivaines, historiennes de l’art (post)féministes mettent en crise les temporalités linéaires et les formats normalisés d’écriture de l’histoire de l’art.

14h30
Fabienne Dumont, historienne de l’art, Ecole Supérieure d’Art de Quimper.
«Reenactment de performances féministes: l’exemple de Faith Wilding, de Waiting (1972) à Wait-With (2007)»
Outre la projection d’extraits de la performance originelle et de sa reprise dans les années 2000, ce sont les contextes historiques du mouvement féministe californien des années 1970, des valeurs éthiques issues de ces années-là, et la pertinence de leur réactivation 40 ans plus tard, auxquels Fabienne Dumont s’attachera.
Fabienne Dumont est professeure d’histoire de l’art contemporain à l’EESAB, auteure d’une thèse, Arts et féminismes dans les années 1970 en France (PUR, à paraître), directrice de l’anthologie La rébellion du Deuxième Sexe (Presses du réel, 2011). Elle prépare un essai monographique au sujet de Nil Yalter et vient de publier un article dans le catalogue Linder Femme/Objet du MAMVP.

15h30
Lora Sana, Performance de Carola Dertnig, artiste, Vienne.
Ce sont des recherches approfondies sur l’histoire de la performance — le livre Let’s twist again (2001) et le projet Lora Sana, deux enquêtes sur son historiographie et sa documentation — qui ont mené Carola Dertnig à s’interroger sur la place des femmes au sein de l’Actionnisme viennois et à l’absence de leurs noms dans les ouvrages d’histoire de l’art. Carola Dertnig est partie à la rencontre de ces femmes fantômes dont les archives de cette période charnière ont pourtant conservé des preuves visuelles. La figure fictive de l’artiste Lora Sana naît de la synthèse de discussions réalisées avec Hanel Koeck et Annie Brus, toutes deux actionnistes dans les années 50 — ou plutôt «modèles», tel étant leur statut de l’époque. Le projet de Carola Dertnig s’ancre dans un projet de réécriture de l’histoire de l’art, mêlant archives et vrais témoignages et métafictions historiographiques, permettant ainsi de questionner la valeur d’une archive depuis une perspective féministe. A l’image de plusieurs artistes de l’exposition, Carola Dertnig fraie un chemin entre les silences de l’histoire de l’art, des sources et des archives quant au rôle des femmes artistes et la nécessité de produire littéralement celles-ci lorsqu’elles viennent à manquer.

16h30
Laura Iamurri, historienne de l’art, est chercheuse à l’Université de Roma Tre. Elle a publié de nombreux essais sur Carla Lonzi, préfacée la nouvelle édition de Autoritratto (Milan 2010), et publié le recueil des écrits sur l’art (avec L. Conte e V. Martini, Milan 2012).
Et Giovanna Zapperi, historienne de l’art, Ecole Nationale Supérieure d’Art de Bourges.
«Une discontinuité radicale: Carla Lonzi, 1970»
En 1969, Carla Lonzi, historienne et critique d’art, publie sous le titre Autoritratto (Autoportrait) ses conversations avec 14 artistes. Les entretiens précédemment enregistrés font l’objet d’un montage dans lequel les temps se superposent et s’entremêlent: le résultat est une longue conversation apparemment sans pauses, dans laquelle la temporalité n’a plus aucune linéarité, et le passage du langage oral à sa transcription est souvent thématisé. Après la publication du livre, Lonzi abandonne la critique d’art pour se consacrer au féminisme. La parution du Manifesto di Rivolta femminile, en juillet 1970, marque le début de la pensée la plus radicale du féminisme italien.

17h30
Réécrire l’histoire de l’art: fictions et narrations (post)féministes.
Jules Falquet, sociologue, maîtresse de conférence, Université Paris 7.
«Apports théoriques des féministes Chicanas à partir du travail artistique et militant»
Jules Falquet travaille notamment sur les théories féministes — matérialistes, imbricationnistes et décoloniales en particulier. Elle a récemment coordonné avec Paola Bacchetta et Norma Alarcón, un Cahier du CEDREF sur les Théories féministes et queersdécoloniales, interventions Chicanas et Latinas états-uniennes.

18h30
Hélène Fleckinger, historienne du cinéma, maîtresse de conférence, Université Paris VIII.
Auto-représentation politique et fictions performatives. L’exemple des cinémas féministes et homosexuels en France dans les années 1970
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