ART | EXPO

Red Desert

06 Oct - 05 Nov 2011
Vernissage le 06 Oct 2011

Pour Christian Hidaka, peindre des paysages n’a pas pour but une description topographique, ni même de produire des messages idéologiques, mais d’essayer de laisser s’exprimer une idée de l’inconnu, aux marges de l'imagination, à peine discernable: le peu familier.

Christian Hidaka
Red Desert

Ces peintures ont été réalisées après un voyage à Volubilis, un ancien comptoir romain au Maroc. Plus tard à Fès, j’ai fait des peintures à la tempera en gardant cette escapade à l’esprit. Dans une sorte de délire, j’ai repensé à cette visite – le soleil couchant du désert de l’Utah qui colore les roches d’un rouge sang, la bouleversante absence des habitants de Volubilis, les gravures de William Stukeley, l’art aborigène et notre manque de compréhension des dessins du désert de Nasca, qui se comprennent uniquement vu d’en haut.

Comment cette communauté a-t-elle vécu le fait de se trouver à la périphérie de l’empire romain? Les marchands et militaires qui formaient la petite élite de cette ville ont dû se sentir si loin de Rome, presque étrangers. Les mosaïques, souvent situées autour des piscines au milieu des cours intérieures, sont l’expression de goûts très variés, souvent horribles, parfois admirables. J’imagine les propriétaires montrant fièrement leurs derniers aménagements à des invités, jaloux ou se moquant discrètement de leur mauvais goût.

Je suis aussi fasciné par la relation des artistes avec leurs commanditaires, par leur volonté et moyens financiers pour obtenir le meilleur de la part d’artistes voyageurs. Chaque mosaïque se devait donc de montrer un degré de sophistication à l’image de Rome, d’où venaient les derniers styles à la mode.
Cette communauté (leur sentiment d’être marginalisé ne saurait durer éternellement?) avait désespérément besoin de cette relation avec la capitale, qui en retour leur prêtait peu d’attention. Aujourd’hui, peindre des paysages n’a pas pour but une description topographique qui existe déjà, ni même de produire des messages idéologiques que nous connaissons bien, mais d’essayer de laisser s’exprimer une idée de l’inconnu, aux marges de l’imagination, à peine discernable, le peu familier.

Depuis que des endroits comme Volubilis ont été construits, le désert est devenu un espace étranger, de l’autre côté de l’Atlas, inaccessible aux colons. Se trouver à Volubilis, c’est moins se sentir dans un avant-poste éloigné, qu’à une ancienne frontière, à la lisière du monde connu et des langues, toujours en développement, que l’on utilise pour le décrire.

Christian Hidaka, septembre 2011.

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