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Raymond Depardon. L’Immobilité et le ouvement du Monde

Ce numéro hors-série de la revue CIRCAV propose une approche du regard sensible, poétique et plastique que porte Raymond Depardon sur le monde. Les contributions des chercheurs réunies ici s’articulent autour de quatre thématiques: le retour aux sources, la société d’enfermement, la tentation du désert, les villes traversées.

Information

Présentation
Didier Coureau (dir.)
Raymond Depardon [L’Immobilité et le Mouvement du Monde]

Fondés en 1990, au sein de l’Université Lille 3, les Cahiers Interdisciplinaires de la Recherche en Communication Audio Visuelle — CIRCAV — offrent un espace d’écriture ouvert aux jeunes chercheurs et aux chercheurs confirmés en audiovisuel et en communication. Chaque numéro, spécialisé dans une thématique, comporte en plus une rubrique «décadrage», fenêtre ouverte sur l’hétérogène constitutif de l’actualité s’inscrivant dans ces champs de recherches.

Ce numéro hors-série de la revue CIRCAV propose une approche plurielle d’une esthétique qui, conjuguant immobilité — sous l’influence de la pratique photographique — et mouvement — du cinéma voyagé —, s’accorde au regard sensible, poétique, plastique que Raymond Depardon porte sur le monde. Sans oublier, sur le plan sonore, une écoute attentive, et une voix off aux intonations singulières.

Les contributions réunies ici s’articulent sur quatre thématiques: le retour aux sources (monde d’hier), la société d’enfermement (le monde social), la tentation du désert (le monde ouvert), les villes traversées (le monde intérieur et le monde extérieur).

Avec les textes de: Esra Aykin, Robert Bonamy, Fabienne Bonino, Didier Coureau, Guillaume Deheuvels, Jean-Pierre Godebage, René Prédal, Philippe Ragel, Françoise Rouffiat, Daniel Serceau.

«Interroger l’espace quotidien, ici ou ailleurs, pour retrouver sa mémoire sous l’amnésie, pour le donner à voir par-delà la cécité qu’impose la vie contemporaine qui noie la vision sous des flots d’images dénuées de sens, clarifier la vision en quelque sorte, à travers l’usage de l’écriture, de la photographie, et plus encore de la cinématographie, voilà bien les tâches que Depardon semble s’être assignées.

S’il fallait définir le travail de Depardon, il ne serait pas possible de le catégoriser comme un cinéma documentaire, quel que soit le film, avec ou sans acteurs. Il se situe dans une zone sensible où le documentaire touche par moments à la fiction, où la fiction touche au documentaire, et où les deux «genres» se perdent dans des formes nouvelles, non classifiables, non quantifiables. Pas véritablement des films-essais, car c’est plutôt l’intégralité de l’expérience d’un homme qui les nourrit, et non une construction intellectuelle. Ce cinéma pourrait trouver une définition dans le texte d’un poète, Roberto Juarroz lorsqu’il écrit:
“Presque fiction. Là où la réalité est sur le point de se volatiliser ou de se changer en fantôme et en vide, la parole la contient ou la retient au bord, moyennant les fils quasiment invisibles de l’imagination et de la poésie, c’est-à-dire de la non-fiction. Au bord de la fiction.”»

Didier Coureau

Sommaire
— «Une pellicule tellement sensible», par Didier Coureau
PARTIE I: RETOUR AUX SOURCES [LE MONDE D’HIER]
— La mise en scène de La Vie moderne (ou portrait de l’artiste en paysan cévenol), par René Prédal
— «Nul, après nous, ne témoignera que nous avons été» (à propos de la trilogie paysanne), par Philippe Ragel
PARTIE II: LA SOCIETE D’ENFERMEMENT [LE MONDE SOCIAL]
— Depardon et San Clemente, par Françoise Rouffiat
— Esthétique du politique dans le cinéma de Raymon Depardon, par Guillaume Deheuvels
— Les dédales de la justice. Délit flagrants, par Daniel Serceau
PARTIE III: LA TENTATION DU DESERT [LE MONDE OUVERT]
— Un essai de fiction. Empty Quarter (Une femme en Afrique), par Rober Bonamy
— Du désert à l’esthétique de la lenteur. La Captive du désert et Un homme sans l’Occident par Fabienne Bonino
— Inexpérience de l’art. Afriques, comment ça va avec la douleur?, par Jean-Pierre Godebarge
PARTIE IV: VILLES TRAVERSEES [LE MONDE INTERIEUR ET LE MONDE EXTERIEUR]
— La trace retrouvée des pas perdus. New York, N.Y; Paris, par Didier Coureau
— Eloge de l’entre-deux. Prague, New York, Carthagène, face au silence (sur trois courts métrages, 1969-1991), par Esra Aykin
— Filmographie de Raymond Depardon
— A propos des auteurs