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Raw Power

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

Raw Power pourrait se traduire par «Pouvoir brut», c’est-à-dire par l’idée de pouvoir aride, dégagé de toute mise en valeur. Sturtevant expose cette radicalité, la négation de toute imposture.

Sturtevant donne à lire des sortes d’équations sur le mur blanc en lettres capitales noires : Falsity/Truth (mensonge/vérité) ou encore Infinite Exhaustion (dilapidation infinie). Il cherche à dénoncer l’illusion de prendre un mensonge pour une vérité et de compromettre le sens des mots, de pervertir et de masquer toutes choses.

Dans la pièce principale de la galerie, trois mannequins sont accrochés au mur: une poupée gonflable obscène à la fois masculine et féminine, munie de poils sur le torse et d’un pubis rosé largement mis en avant; un mannequin entièrement recouvert d’un drap de laine vert qui ressemble étrangement à un bourreau; et enfin un mannequin recouvert d’un drap de laine noir et d’un chapeau pointu dont on ne voit pas le visage mais qui porte une barbe blanche.

Un jouet sexuel, un bourreau et une sorte de prêtre d’un culte sombre rappelant les figures du Ku Klux Klan offrent à méditer une étrange trinité qui joue sur les codes de la perversion et de la mort. Cette installation s’intitule Hate Kill Falsity: la haine, le meurtre et le mensonge s’accouplent donc pour former ce trio de l’horreur, ces êtres mensongers et violents.

Aux côtés de ces mannequins de la haine, on aperçoit deux pierres tombales anonymes émerger d’une large pelouse artificielle d’un vert électrique qui met mal à l’aise le spectateur tant sa perfection est morbide.

De là, on se rend vers une installation vidéo composée de quatre écrans intitulée Infinite Exhaustion qui présente la course effrénée d’un chien d’un écran à un autre. L’épuisement énergétique des forces vitales de l’animal évoque certainement celui de l’homme dans un monde gagné par la falsification. Cette figure de la course effrénée du chien est reprise dans un dispositif où un vidéo projecteur rotatif diffuse une image qui se répand sur tous les murs de la salle et enveloppe le spectateur pris dans la course.

Sturtevant tisse un réseau d’éléments: la haine, le mensonge, la mort et la dilapidation de l’énergie laissent l’être humain au bord du précipice, totalement épuisé, mais dont l’épuisement et la dépense ne sont pas le fruit d’une dynamique productive, ni d’une perte créatrice.

Sturtevant
— Installation Raw Power de Sturtevant à la galerie Thaddaeus Ropac du 3 mars au 7 avril 2007.
— Gober Partially Buried Sinks, 1997. Plaster, wood, wire lathe, enamel paint and artificial grass. 61.4 x 59.5 x 6.5 cm et 61.4 x 60.8 x 7 cm .
— Hate Kill Falsity, 2006. Two manequins, one male sex doll. 127 x 51 x 22 cm.
— Infinite Exhaustion, 2007. Video installation, 4 camera installation Betacam SP PAL. 21 mn. 3 s. running time 30 mn. Loop.
— Re-Run, 2007. 1 camera installation on rotating plateform. 1 mn. 4 s.

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