ART | EXPO

Random access recall

01 Fév - 04 Mai 2014
Vernissage le 31 Jan 2014

L’œuvre d’Haroon Mirza associe meubles vintage, objets usagés et instruments analogiques disséqués pour créer des compositions esthétiques, visuelles et sonores. A l'occasion de cette nouvelle exposition, l'artiste prolonge sa réflexion autour de la production et de la réception des sons dans des contextes culturels très variés.

Haroon Mirza
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Révéler les potentiels sonores du monde et en éclairer les lectures: tel est le leitmotiv traversant l’œuvre d’Haroon Mirza. Ces installations composites sont largement inspirées des théories du sociologue-philosophe Marshall McLuhan et de ses écrits autour de l’espace acoustique.

Beaucoup d’accessoires peuplent cet univers aux strates temporelles entremêlées: des objets du quotidien usagés souvent utilisés pour la production d’image et de son, des meubles vintage, des instruments analogiques disséqués; mais aussi des vidéos YouTube, des LED aveuglants et du matériel électronique. Ces éléments sont souvent détournés de leur fonction initiale, Haroon Mirza les ausculte, les met en relation et leur trouve de nouvelles fonctionnalités. Formé au design au Goldsmith College de Londres, il a retenu de cet enseignement une certaine approche de l’objet-prototype et développé un sens critique face à la correspondance entre forme et usage des objets. Ses sculptures naissent de dispositifs mécaniques et électroniques qui génèrent des compositions esthétiques, visuelles et sonores proches de l’expérimentation.

Il apprécie particulièrement les moments de changement de perception, le glissement de l’audition à l’écoute, quand le bruit devient musique, comme dans l’installation Cross section of a revolution, où l’association de musique improvisée, de discours politique et de sculpture sonore, ouvre un nouveau champ d’expérience.

Le travail d’Haroon Mirza intègre également volontiers celui d’autres créateurs. Il utilise dans ses installations des bribes de musique pop, des séquences de house et de techno music et, des références à la musique contemporaine expérimentale. En procédant ainsi, il obtient un résultat proche du «featuring». Les interférences et la boucle — visuelle et sonore — reviennent souvent dans ses œuvres, comme pour mieux mettre sous tension des espaces où images lancinantes et objets singuliers se rencontrent pour former une sorte de confusion des sens, à l’impact physique puissant.

En 2012, le Grand Café a présenté sa vidéo Adhan, titre qui désigne en arabe l’appel à la prière. Haroon Mirza y interroge le rôle de la musique dans certains contextes culturels et religieux. Élevé lui-même dans la culture orientale, il explique s’être tourné assez naturellement vers l’Islam pour nourrir sa réflexion sur les conditions de réception culturelle du son.

À l’occasion de cette nouvelle exposition, l’artiste prolonge cette pensée autour de la production et de la réception des sons dans des contextes culturels très divers. The Calling, installation et performance initiée à l’Atelier Calder puis, présentée à Edimbourg pendant l’été 2013, trouvera de nouveaux développements à Saint-Nazaire. L’étude du son, autonome et spatialisé, est également au cœur de Pavilion for Optimisation, une autre installation immersive, qui poursuit les recherches initiées lors de la biennale de Venise de 2011. Architecture dans l’architecture, cette chambre sourde propose une expérience intense, où le visible et l’audible s’articulent étroitement jusqu’au trouble sensoriel.

À l’étage du centre d’art, une nouvelle production évoque l’histoire militaire de Saint-Nazaire, ainsi que le passé du lieu — un café doté d’une salle de réception et de bal. Toujours attentif au contexte, Haroon Mirza multiplie les références. Cette œuvre a été inspirée d’une part, par le film de Wolfgang Petersen Das Boot, qui relate les aventures du sous-marin allemand et de son équipage durant la Seconde Guerre mondiale et, d’autre part, par un album d’Acid house intitulé Access et produit par DJ Misjah and Tim, dans les années 1990. Porteuse d’une conscience politique indéniable, elle se lit comme une vaste équation sensible, qui met en lumière les spécificités du centre d’art.

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