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Que peut (malgré tout) l’art?

Philosophe et professeur d’esthétique à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, Jean-Marc Lachaud envisage l’engagement artistique non tant comme l’énonciation d’une éclatante vérité, ou la déclinaison en images, mots ou sons, d’un programme politique, mais comme un appel à l’émergence de ce qui n’est pas encore. C’est ce qui lui permet de sonder l’art dans sa capacité à s’emparer du champ politique, et de produire « quelque chose ».

Information

Présentation

Jean-Marc Lachaud, philosophe et professeur d’Esthétique, interroge le possible pouvoir de transformation de l’art au sein de la société. En sondant ce qui relie l’art, la politique et l’histoire, tout en s’appuyant sur une longue tradition de penseurs marxistes rarement mentionnés, voire littéralement effacés de la bibliographie esthétique, à l’image des Georg Lukacs, Ernst Bloch ou Herbert Marcuse, il s’agit de défendre, à partir de neuf articles, l’idée selon laquelle l’art peut quelque chose.

Jean-Marc Lachaud emploie de nombreuses citations et références, souvent en marge des normes de la pensée portant sur l’art politique. Cette écriture témoigne d’une volonté de restituer un débat et des œuvres dans leur diversité et complexité, c’est-à-dire en aspirant à opter pour une orientation qu’à la condition d’avoir examiné avec attention les parties en présence. Les neuf articles que publie cet ouvrage se présentent ainsi comme des variations autour d’un même thème: «que peut l’art ?». Chaque texte oscille et pivote autour de cette question en proposant une nouvelle voie, une nouvelle approche. Certains cheminements cependant paraissent rebondir d’un article à l’autre: les mécanismes sociaux, culturels et collectifs qui modulent le cours des choses ou induisent une conscience historique; la place de l’art qui, à travers de nombreux exemples aussi bien paradigmatiques que plus récents, développe des réalités parcellaires mais a priori significative de notre époque; le rapport entre utopie, engagement et activisme dans une période historique succédant au «court» XXe siècle.

L’ouvrage tente donc de réhabiliter le discours esthétique en le portant à l’aune d’une histoire dont nous héritons:«Nous pensons […] qu’en se heurtant sans recourir à des modèles pré-établis aux frasques de l’art et de la littérature actuels, à la singularité de leurs formes licencieuses et indisciplinées, une réflexion esthétique, interprétative et critique, donc argumentée et discutable, est indispensable pour préciser en quel sens, selon les mots de M. Jimenez, des œuvres restent encore ne mesure de « fabuler, de mimer, de parasiter, de détourner, de provoquer, d’infiltrer, d’ironiser, d’exprimer la révolte» (cité par Jean-Marc Lachaud, p. 37, Marc Jimenez, « De l’Esthétique comme faculté de juger », dans La culture, les élites et le peuple, Manière de voir, n°57, mai-juin 2001, p. 51).