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Prosopopées: quand les objets prennent vie

05 Déc - 31 Jan 2016
Vernissage le 05 Déc 2015

La prosopopée est une figure de style qui consiste à faire parler un animal, un objet inanimé ou une abstraction. Cette exposition d’art contemporain numérique aborde la poésie de la machine et présente des œuvres qui donnent l’impression subjective de la conscience des machines et des objets.

Edwige Armand, Pascal Bauer, Maxime Damecour, Benoît Labourdette, Bill Vorn et Louis-Philippe Demers, Kristof Kintera, Charbel-Joseph H. Boutros, Jacob Tonski, Robin Moody, Nonotak, Félicie d’Estienne d’Orves et Lara Morciano, LAb[au], Michel de Broin, Etienne Rey, Guillaume Marmin et Fred Marolleau, André et Michel  Decosterd, Bram Snijders et Carolien Teunisse, Jérémy Gobé, Laurent Pernot, Anne Roquigny, Thomas Cimolaï, Samuel St-Aubin, Marck, Rino Stefano Tagliafierro, Ei Wada, …
Prosopopées: quand les objets prennent vie

La prosopopée est une figure de style qui consiste à faire parler un animal, un objet inanimé, un mort, une chose personnifiée, une abstraction… Quand les objets prennent vie… Quand les morts revivent… Quand les concepts s’incarnent… L’inspirateur principal de cette proposition est Philip K.Dick, le grand visionnaire paranoïaque de la littérature contemporaine. En particulier, le sentiment dickien que le monde n’est pas ce qu’il semble être, mais un décor, un trompe-l’Å“il habilement connu pour abuser le genre humain.

Imaginez que nous rencontrions des affichages d’aéroport qui n’en font qu’à leur tête (Signal To Noise de LAb[au]), des entités extraterrestres qui s’installent parmi nous (Timée et Hara de Guillaume Marmin), des tableaux qui prennent vie, des exo-squelettes venus de l’enfer qui nous invitent à danser (Inferno de Bill Vorn et Louis-Philippe Demers), des Å“uvres qui tentent de s’échapper de l’exposition (Nervous Tree de Kristof Kintera). Imaginez un «Appartement fou».… Imaginez le chaos comme un ordre qui n’aurait pas encore été déchiffré.

La poésie de «Prosopopées» consiste à présenter une revue d’objets déconnectés, une poésie de la machine, avec sa part de mystère, d’organique, de simplisme puissamment rebelle, sa logique irrationnelle. Ce que cette exposition propose n’est rien d’autre que le retour de la magie, de l’aberration, dont on croyait s’être prémuni par les sciences et les nouvelles technologies.

Il s’agit de mettre en valeur ce travestissement généralisé de l’objet technique en objet esthétique, ces épiphanies machiniques très éloignées de l’utilitarisme de l’histoire des objets techniques. Certaines installations nous offrent l’écrin d’une réalité légèrement modifiée qui nous trouble avec bienveillance (Pergola de LAb[au], Elasticité dynamique d’Etienne Rey). Mais ne nous y trompons pas, leur hostilité est parfois manifeste et nous renvoie à toutes les effrayantes révoltes de robots et de cyborgs de l’histoire de la science-fiction (Parsec de Joris Strijbos et Daan Johan, Nyloïd d’André et Michel Décosterd).

Les pièces de cet «Appartement fou», présentes dans les écuries du Centquatre-Paris, sont très emblématiques de ce dérèglement généralisé. Souvenons-nous que le mobilier et les objets du logis sont des symboles de convenances, d’ordre et d’une certaine hiérarchie sociale. Celui qui est montré ici en est dépourvu. Ces composantes, par la main de l’artiste technicien, ont des âmes artificielles. Un miroir qui refuse obstinément de «faire miroir» est la réminiscence d’un ordre ancien en train de mal tourner, alors que les hommes depuis deux siècles se sont ingéniés à produire un environnement maîtrisé.

Sommes-nous toujours dans le jeu de l’imitation et dans un système anthropomorphique où l’homme a le beau rôle? Le combat à mort entre un frigidaire et un radiateur, qui ne semblent pas partager la même vision de l’écologie, sont-ils un point de non-retour de «l’objet au service de»? (My Answer to Ecology #2 de Charbel-Joseph H. Boutros).

Il n’est question ici que d’intelligence humaine et de talent pour donner l’impression subjective de la conscience des machines et des objets, dont ils sont, bien sûr, dépourvus.

Co-direction artistique: Gilles Alvarez & José-Manuel Gonçalvès

Vernissage
Samedi 5 décembre 2015 de 14h à 23h30. Entrée libre ce jour, avec performances à 15h, 18h, 22h et 23h.

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