PHOTO | CRITIQUE

Projection… chut, Christelle Familiari

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Une exposition bilan où les performances à toucher ne sont plus qu’à regarder, à travers des photos et des vidéos. Des unes aux autres, cette ritournelle obsessionnelle et schizoïde de l’œuvre : prévenir le contact de l’autre. Ou prévenir l’absence de contact.

Le refrain lancinant qui envahit l’espace d’exposition, et répète inlassablement « T’inquiète pas, j’te toucherai pas », ne met pas à proprement parler à l’aise.
Peut-on toucher, ou non ? La réputation sulfureuse de l’œuvre de Christelle Familiari invite à un tel retournement. N’est–elle pas l’auteur d’objets, et de vidéos, aux titres aussi scandaleux que Slip à masturbation, ou que La tailleuse de pipe. Mais « Projection …chut » ressemble à une exposition bilan, un peu décevante, puisqu’il n’y a qu’à regarder.

Trois photographies, de grand format, ont mémorisé des actions passées, où le corps de l’artiste supportait, et modelait des sculptures éphémères. Un tas de galets (en réalité des pièces en céramique, fabriquées par l’artiste) l’ensevelissait, devant le mur en galets (vrais ceux-là) de la Villa d’Arson (Camouflage, 2001).
Des limaces en pâte à modeler (modelées par l’artiste) couvraient son corps nu, empaqueté dans un filet, et couché dans une baignoire. L’artiste proposait ainsi aux spectateurs d’emporter les limaces, et de la découvrir… Il n’en fut rien (Les limaces, 2002). Enfin, le torse nu, elle se dressait hérissée d’un enchevêtrement de fils métalliques, et de scories de performances anciennes, qui faisaient office d’armure de protection dérisoire (?, 2002).
Dérisoires, ces grenades, vides et légères, que, d’un écran à l’autre, elle se lance, dans un vis-à-vis autiste dont le spectateur est exclu de fait (Vis à vie, 2003).

Tout cela résonne comme ce qui pourrait être la ritournelle obsessionnelle et schizoïde de l’œuvre: prévenir le contact de l’autre. Ou prévenir l’absence de contact, ce qui reviendrait au même. Dans les deux sens du mot prévenir: aller au-devant et éviter.

Pour finir, ce qui reste toujours au bout du compte: des os (moulés par l’artiste, bien évidemment), d’un monstre hybride, mi-gros vertébré mi-créature artificielle (Sans titre, 2002-2003).

Christelle Familiari
— Christelle Familiari, 1995. Photo noir et blanc.
— T’inquiète pas, j’te toucherai pas, 1995. Vidéo en boucle, 10’.
— Les Limaces, 2002. Photo couleur.
— Camouflage, 2001. Photo couleur.
— ?, 2002. Photo couleur.
— Vis à vie, 2003. Vidéo en boucle, sur deux écrans en vis-à-vis, 2’30.
— Sans titre, 2002-2003. Sculpture.

AUTRES EVENEMENTS PHOTO