ART | CRITIQUE

Posturale attitude

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@12 Jan 2008

L’attitude d'Emmanuelle Villard est «posturale» et non pastorale. Loin du charme bucolique et rassurant des scènes champêtres, ses œuvres déstabilisent plus qu’elles n’apaisent. Inspirées des orthogonalités de Mondrian ou des monochromes de Klein, elles suscitent néanmoins un sentiment étrange de familiarité.

A partir des formes de l’art abstrait du XXe siècle, Emmanuelle Villard introduit des contradictions et dysfonctionnements au sein de ses tableaux, détournant les références et interrogeant le paradigme pictural en ce début du troisième millénaire.
Contrairement au néoplasticisme dépouillé de Piet Mondrian ou au style ascétique d’Yves Klein, Emmanuelle Villard charge ses toiles d’une peinture épaisse aux couleurs acidulées — roses, rouges, verts vifs —, dans un mélange d’acrylique, de résine et de paillettes scintillantes sur la surface plane.

Les dégoulinures de la matière visqueuse provoquent des «taches» dans la grille modulaire inspirée de Mondrian et dépasse souvent les limites de la toile, échappant ainsi à l’hégémonie du strict formalisme moderniste.
Anti-conformiste et anti-formaliste dans la lignée des Pour Paintings des années 1990 de John Armleder, les surfaces chargées, presque grotesques, des nouvelles peintures d’Emmanuelle Villard attirent et repoussent à la fois. Son «imposture» dans les grands styles du siècle dernier donne lieu à une œuvre multi-référentielle, déstabilisante et décadente.

Sorte de célébration exagérée de la peinture, à la limite du kitsch, les toiles d’Emmanuelle Villard sont autant décoratives que cognitives, jouant sans complexe sur le registre de la séduction.

D’autres ornements étranges s’ajoutent à la grande orchestration des formes et des couleurs avec l’accrochage de plusieurs mobiles, Suspensions (2007) et Objets visuels (2006-2007). La peinture quitte ainsi le mur dans ces assemblages baroques constituées autour d’une grappe de boules peintes. Toujours dans l’exagération, Emmanuelle Villard ajoute de grandes billes enfilées, accrochées comme des bijoux et qui pendent dans l’espace. Plus récemment elle intègre des éléments géométriques en bois, dont les formes rigides s’opposent à la sinuosité du noyau.

La juxtaposition étonnante de ces éléments hétéroclites crée une esthétique d’inspiration surréaliste, assez originale pour échapper à la catégorisation. Oscillant entre peinture et sculpture, entre art et décoration, entre le beau et le laid, le nouveau travail d’Emmanuelle Villard est à la fois un pastiche de mouvements passés et une célébration franche de la matière.

Emmanuelle Villard
— On/Off N°8, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— On/Off N°6, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— On/Off N°7, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— On/Off N°3, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— On/Off N°13, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— On/Off N°14, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— On/Off N°11, 2007. Laque et paillettes sur toile. 120 x 120 cm.
— Ov-70.01, 2007. Bois, polystyrène, laque. Sphère de 70 cm, envergure de 150cm.
— Ov-55.02, 2007. Polystyrène, laque, perle. 56 cm de diamètre.
— Ovp N°1, 2007. Bois, vernis, laque, paillettes. 45 x 60 cm.
— Ovp N°3, 2007. Bois, vernis, laque, paillettes. 40 x 45 cm.
— Ovp N°2, 2007. Bois, vernis, laque, paillettes. 60 x 20 cm.
— Pour KB, 2007. Bois, laque. 88 cm d’envergure.
— Ossetra 10, 2007. Billes de verre et acrylique sur toile. 27 x 35 cm.
— On/Off N°4, 2007. Laque et paillettes sur toile. 162 x 130 cm.
— Ossetra 9, 2007. Billes de verre et acrylique sur toile. 81 x 100 cm.
— On/Off N°15, 2007. Laque et paillettes sur toile. 162 x 130 cm.

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