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Postexpressionnisme, réalisme magique. Problèmes de la peinture européenne la plus récente

Franz Roh conserve aujourd’hui une certaine notoriété pour avoir introduit le concept de «réalisme magique». Dans cette première traduction française de son ouvrage de référence paru en 1925, il analyse le réalisme plastique des années 1920, et plus particulièrement la «Nouvelle Objectivité», dans ses rapports à l’impressionnisme et l’expressionnisme.

Information

Présentation
Franz Roh
Postexpressionnisme, réalisme magique. Problèmes de la peinture européenne la plus récente

Historien et théoricien de l’art mais aussi photographe d’avant-garde célèbre sous la République de Weimar et ultérieurement, Franz Roh (1890-1965) reste surtout connu pour avoir proposé l’expression «réalisme magique», qui connaîtra un certain succès dans l’histoire des arts et des lettres au XXe siècle.

Son ouvrage majeur Nach-Expressionismus, Magischer Realismus. Probleme der neuesten europäischen Malerei, paru en 1925 à Leipzig et traduit ici pour la première fois en français, constituait d’abord une analyse, effectuée à chaud mais d’une rare pénétration, d’un réalisme plastique des années 1920 si souvent vilipendé par la suite mais ayant retrouvé de nos jours une certaine actualité.
L’auteur y étudie celui-ci, et particulièrement ce qui fut nommé «Nouvelle Objectivité» (Neue Sachlichkeit), dans ses rapports à l’impressionnisme et surtout à l’expressionnisme. Ce faisant, il est amené à esquisser une interprétation globale de la peinture moderne, d’un point de vue allemand, tout en procédant à ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une authentique réhabilitation de peintres offrant à ses yeux «le sentiment artistique fondamental de l’existence».

Élargissant finalement son propos à d’autres domaines, Franz Roh voit dans ce qu’il appelle postexpressionnisme, plus qu’une simple orientation artistique, voire un style, une authentique posture existentielle, caractéristique de l’Allemagne, et même de l’Europe, de 1925.

«On peut déjà percevoir ce qui distingue les différentes époques artistiques rien qu’aux objets qui sont à chaque fois choisis, l’acte de choisir constituant déjà un acte créateur. On pourrait se risquer à écrire une histoire de l’art de l’humanité en se contentant de présenter les thèmes à chaque fois présents, eu égard à ceux dont l’absence est révélatrice. Ce faisant on n’aurait certes affaire qu’au niveau inférieur de caractérisation, mais c’est bien le niveau déterminant, le seul qui puisse offrir un terroir permettant de pousser plus loin les investigations.

De même un second niveau d’examen concernerait toujours les objets, bien qu’outrepassant déjà l’étude statistique des objets dont nous venons de parler: examen qui tendrait à déterminer par exemple, lorsqu’on constate que pour une époque donnée un pourcentage notable de têtes de vieillard ont été peintes, quelle sorte de vieillard est représentée (s’agit-il par exemple de la vieillesse sclérosée ou sereine?), toutes choses qui ne se définissent pas encore de manière formelle. Ce n’est qu’ensuite que commencera ce domaine formel qui réagira en retour sur les niveaux inférieurs tout comme il pourrait bien exister inversement une influence obscure, encore tout à fait énigmatique, qu’exerceraient certaines représentations d’objet sur certaines façons de peindre; mais nous toucherions là à une terre vierge pour la recherche en histoire de l’art.»

Sommaire
— Préface
— Introduction
— De l’histoire du présent en général
— Dénigrement de notre époque
— Système de l’expressionnisme
— Virage ou juxtaposition
— Les nouveaux objets
— De «l’objectalité» (Gegenständlichkeit) en général
— De la proximité à l’objet comme création spirituelle
— Abstraction ou empathie
— De l’expression propre de la nature (art et photographie)
— L’espace nouveau
— Plus petit que nature (la miniature)
— Le non-dynamique
— Un style statique convient-il à notre époque?
— Orientations du postexpressionnisme
— Les recours (réceptions)
— Passage à d’autres domaines
— Tableau schématique