ART | EXPO

Joël Bartoloméo, Portraits

12 Juin - 14 Sep 2008
Vernissage le 12 Juin 2008

Les "Portraits" de Joël Bartoloméo prennent leur source dans le quotidien de l’artiste. D’abord anthropologue avec ses "films de famille", il devient autoportraitiste, puis peintre de l’actualité et des faits divers avec l’oeuvre phare de cette exposition: la vidéo "Marie L.".

Communiqué de presse
Joël Bartoloméo
Portraits

Joël Bartoloméo est né en 1957. Dans les années 1990, il joue à l’anthropologue amateur en réalisant de courtes séquences prises sur le vif au plus près de sa vie familiale. Son travail explore la représentation de l’intime telle qu’elle apparaît dans les « films de famille », avant d’évoluer progressivement vers l’autoportrait (dont relève la plupart des vidéos présentées dans cette salle). L’interpénétration de l’intérieur et de l’extérieur, de l’environnement immédiat ou lointain est très vite omniprésente:

« Quelquefois on se trouve dans des situations où l’on subit ce qui se passe sans pouvoir agir. C’était en pleine période du Rwanda, le fameux génocide du siècle, et je montre de mon côté le degré minimum de violence auquel on est confronté chez soi… A la fin, je retourne la caméra contre moi et je me demande ce que je fais, comme quelqu’un qui subirait ses propres actes. Un double jeu assez douloureux. » – entretien avec Eric Deneuville et Mo Gourmelon, 1996. L’extrait concerne la vidéo « De l’autre côté du mur » (non présentée).

En 2000, il commence un travail en relation avec l’actualité à travers des revues de presse en images qu’il met en relation avec l’intimité de ses cahiers de rêves. Le fait-divers, comme les images produites par les conflits armés s’entrelacent avec un récit toujours tenu à la première personne, entremêlant ou effaçant ainsi les identités.

« L’ombre dense de la mélancolie enveloppe ces séquences, non seulement à cause de la musique, déjà ancienne, ou de la voix particulièrement grave de l’artiste et de son air pénétré, mais aussi du désir paradoxal et insensé qui sous-tend les films de dire la vérité sur soi et la conscience simultanée que cette vérité ultime est impossible à exprimer, quelle que soit la sincérité avec laquelle on se livre ». Catherine Francblin, in art press, janvier 2007, p.87

Le film « Marie L. » s’inspire d’un fait divers relaté par la presse. Marie L a été inculpée pour «
dénonciation de délits imaginaires ». Le 11 juillet 2004 à 12 h 30 min, sur Canal +, Valérie Khong décrit les faits ainsi : « Vendredi matin, six jeunes âgés de 15 à 20 ans s’en sont pris à une jeune femme de 23 ans avec un bébé de 13 mois, sous prétexte qu’elle avait une adresse dans le 16e, ils ont décidé qu’elle était juive, ils lui ont coupé les cheveux, lacéré les vêtements au couteau, dessiné des croix gammées sur le ventre et en prenant la fuite à la station Sarcelle ; ils ont renversé la poussette et fait tomber le bébé. »

Pour Joël Bartoloméo, Marie L. est une artiste malgré elle. Elle procède par une fine observation des dysfonctionnements de la société, elle invente des interventions dans l’espace public. Elle a créé une œuvre qui la dépasse. Son mensonge cache une vérité qui ouvre sur plusieurs niveaux de lecture. Elle procède par condensation ; à partir de deux agressions sur ses amies, elle a imaginé la sienne. Son intention de départ était claire: récupérer le père de son fils qui l’avait quittée la veille. J’ai essayé de mettre en perspective ces images avec les excuses de Marie L. » Joël Bartoloméo, 13 octobre 2006

Oeuvres présentées:
Marie L., 4 min 57, 2006

Le Normal, 50 sec, 2006

The Revolver, 4 min 32, 2006

The Forest, 5 min 29, 2006

Sans-titre, peinture, 2006

Marie L. a été projeté au Pavillon, à Pantin, en 2007. Les autres vidéos ont été présentées par la Galerie Alain Gutharc, à Paris, en 2006.

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