DANSE

Popydog

PSmaranda Olcèse-Trifan
@24 Nov 2011

Le Centre National de la Danse assume pleinement sa vocation de soutien à la création et à la recherche artistique. Il est vivifiant de constater que même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes, la prise de risques est encore possible. Une première version de Popydog ne parvient pas à nous convaincre, gageons qu’il y en aura d’autres!

La rencontre était tant attendue ! Elle s’annonçait explosive, entre l’inégalable performeur Jonathan Capdevielle, remarqué dans les pièces de Gisèle Vienne et superbe dans son spectacle queer, intimiste et documentaire Adishatz! et le personnage hors normes qu’est Marlène Saldana, interprète dans les pièces d’Yves Noël Genod, ou de Sophie Perrez et Xavier Boussiron, et initiatrice d’Unites Patriotic Squadrons of Blessed Diana qui semaient le trouble au festival tjcc de T2G, l’été dernier. Le chorégraphe Vincent Thomasset, belle et déconcertante découverte du festival Artdanthé 2011, était de la partie, passé pour l’occasion derrière la caméra.
Sur le plateau vide du CND, un écran de projection focalise l’attention du public qui restera sur sa faim, tout au long des 60 minutes annoncées dans le programme de la soirée. La représentation aura bel et bien lieu, ailleurs, dans les souterrains du bâtiment ou dans le parking avoisinant. Certes, du point de vue conceptuel, l’idée peut se défendre.
Le sujet, prétexte et fil conducteur du projet, l’épopée improbable et troublante d’Orphée et Eurydice, qui traite de l’amour et raconte une périlleuse et infructueuse descente en Enfer, pourrait se prêter à une certaine spéculation sur la dématérialisation des corps, à une éventuelle dissociation du lieu de la représentation et de celui de la performance, ou enfin constituer une véritable occasion d’expérimenter de nouvelles formes pour raconter une histoire dans un espace physique et mental complètement éclaté.
Mais la pièce prend très vite l’apparence d’un tournage de téléfilm sur les plateaux d’un studio, rien de plus plat et de plus ordinaire, reflet béant des habitus de plusieurs générations téléphages. Et de nouveau, l’idée peut sembler séduisante de tenter une relecture du mythe ancien dans les tropes d’une subculture bien marquée. La grammaire basique, réductrice et avilissante des telenovelas sud-américaines, l’esthétique kitch des vidéoclips faits maison, les appâts élémentaires d’un film de série Z se mêlent dans une accumulation d’effets spectaculaires. Le résultat, quant à lui, ne dépasse pas pour l’instant l’état d’ébauche plus ou moins heureuse. Même si toutes les ficelles de l’expérience nous sont accessibles dans cette forme décousue, à aucun moment nous n’avons envie de nous laisser embarquer dans cette histoire. Le fait qu’elle soit tournée en direct et quelques moments de la performance des deux acolytes constituent pour l’instant les seuls points forts du projet, qui demanderait encore du travail, même s’il paraît assumer d’entrée de jeu un sublime ratage.

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