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Populismes

Le «populisme» n’est ni une donnée, ni un acquis de l’analyse politique ou historique. Et pourtant il tourne. Indéniablement, il existe. Ne serait-il qu’un mot, il a des effets sociaux et politiques; et ce mot importe, dès lors qu’avec lui, c’est la question du peuple qui est posée.

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Présentation
Philippe Roger
Populismes

Extrait de l’éditorial (p.3)

Un spectre hante l’Europe, celui du populisme. Longtemps, il a porté des noms aux consonances étrangères: Narodniki, Populists. Longtemps, il nous est apparu sous les traits exotiques de machos plutôt sud-américains — Sartre disait: de «salauds latins»… Nous n’en sommes plus là. Le populisme aujourd’hui court l’Europe: Autriche, Suisse, Italie, Belgique, Danemark, France, il est passé par ici, il repassera par là. «Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.» Car le diagnostic semble faire l’unanimité: le populisme est un mal contagieux, une épidémie. C’est la peste politique dont nous sommes désormais tous malades.

«Puisqu’il faut l’appeler par son nom», disait La Fontaine. Mais ce nom, justement, pose problème. A tant servir, un mot s’use vite et personne ne semble très bien savoir ou commence, ou s’arrête le populisme. Les médias n’en sont pas troublés et tiennent le cap de la dénonciation sans définition. Le citoyen, lui, s’interroge et s’irrite: il aimerait bien savoir de quoi l’on parle. De là deux tentations: faire de «Populiste!» une commode invective ou jeter le bébé avec l’eau du bain et récuser tout usage du terme comme abusif et manipulateur. (…)

Le populisme, en effet, n’est ni une donnée, ni un acquis. Les nombreux travaux que lui ont consacrés les politistes sont comme un feu d’artifice d’hypothèses souvent contradictoires. Dira-t-on qu’il est une distorsion, voire une perversion de la révolution démocratique, ou son expression véridique? Constitue-t-il, face à la désagrégation des anciennes logiques culturelles ou religieuses, une réaction contre l’abstraction rationnelle de la gouvernance démocratique?

(…)

SOMMAIRE

Quelles voix du peuple ?
— Le roman du populisme (Philippe Roger)
— Une «armée d’hérétiques» face à une «croix d’or». Le premier populisme américain et l’hétérodoxie monétaire (Edward Castleton)
— Pasolini poète. La voix du peuple (Sabrina Valy)
— Vertus ordinaires des cultures populaires (Sandra Laugier)

Politiques du populisme
— Permanences et mutations du populisme (Guy Hermet)
— Populisme. Itinéraires discursifs d’un mot voyageur (Marie-Anne Paveau)
— Justice pour les renards! Comment le pluralisme peut nous aider à comprendre le populisme. Isaïah Berlin, Le Sens des réalités (Jean Leca)
— Carte blanche à l’identité (Olivier Roy)
— La parabole de M. Mélenchon. Jean-Luc Mélenchon, Qu’ils s’en aillent tous ! Vite, la révolution citoyenne (Pierre Birnbaum)
— Du maccarthysme au Tea Party (Pap NDiaye)
— Kitsch nationaliste et loi du marché. Les deux mamelles du populisme suisse (Jérôme Meizoz)
— Le populisme est-il fatal? Dominique Reynié, Populismes: la pente fatale (Nonna Mayer)

Le savant et le populiste
— Les populismes du savoir (Laurent Jeanpierre)
— Au nom des peuples. Primitivismes et postcolonialismes (Jean-Loup Amselle)
— Aux sources du populisme climatique (Stéphane Foucart)